Guerre en Ukraine : la France souhaite limiter les exportations de blé ukrainien vers l'UE
information fournie par Boursorama avec Media Services 19/05/2025 à 14:35

"L'aide à l'Ukraine ne peut pas se faire au prix de la déstabilisation profonde de nos propres économies", a estimé la ministre française de l'Agriculture.

Annie Genevard à Paris, le 7 mai 2025. ( AFP / BERTRAND GUAY )

Le gouvernement français souhaite que le blé soit ajouté à la liste des produits concernés par les "freins d'urgence" déjà mis en place sur les exportations de certains produits agricoles ukrainiens vers l'Europe, a indiqué lundi 19 mai la ministre de l'Agriculture Annie Genevard.

L'Union européenne a instauré depuis 2022 une exemption de droits de douane sur des produits agricoles ukrainiens pour soutenir Kiev face à l'invasion russe , à laquelle s'opposent les agriculteurs européens, dénonçant une concurrence jugée "déloyale" et une pression à la baisse sur les prix. En 2024, Bruxelles avait reconduit le dispositif - qui expire en juin - en ajoutant des restrictions comme un plafond maximum pour certains produits (volailles, œufs, sucre), mais pas pour le blé tendre ou l'orge par exemple, en dépit des protestations des céréaliers européens et de la pression de certains Etats membres comme la France, la Pologne et la Hongrie.

Au sujet de ces accords commerciaux avec l'Ukraine, "on les a durcis de facto parce qu'en 2024, on s'est aperçu que la levée des droits de douane avec l'Ukraine pour soutenir l'effort de guerre ukrainien allait déstabiliser, déstabilisait de fait profondément nos filières, notamment la volaille, notamment l'œuf, notamment le miel, le maïs ", a souligné la ministre sur franceinfo .

Soutien à "l'effort de guerre" ukrainien

"Donc on a mis ce qu'on appelle des freins d'urgence pour diminuer les importations ukrainiennes parce qu'on allait beaucoup souffrir", a-t-elle rappelé. À la question du journaliste "est-ce suffisant?", la ministre a répondu qu'il fallait "continuer effectivement à contrôler les importations ukrainiennes. "Il faut même élargir" ces freins d'urgence "là où" ils "ne sont pas, notamment au blé", a jugé la ministre.

"Aujourd'hui, les accords avec l'Ukraine n'incluent pas le blé", a-t-elle aussi indiqué plus tard à l' AFP , se disant favorable au fait d'"inclure le blé dans les freins d'urgence" .

"On ne peut pas laisser librement entrer les denrées ukrainiennes parce qu'elles sont trop déstabilisantes. Et là encore, c'est comme pour les accords de libre échange. Le cas ukrainien est évidemment particulier parce qu'on soutient l'Ukraine dans son effort de guerre", a résumé Mme Genevard.

"L'aide à l'Ukraine ne peut pas se faire au prix de la déstabilisation profonde de nos propres économies. Il faut raison garder dans cette affaire, il y a un équilibre à trouver dans le soutien, un soutien raisonnable, c'est un soutien qui est à la fois utile aux Ukrainiens mais qui ne déstabilise pas nos propres productions", a ajouté la ministre de l'Agriculture.