Guerre en Ukraine : l'Allemagne divise par deux ses dépenses militaires au profit de Kiev, mais promet de "rester pleinement engagée" information fournie par Boursorama avec Media Services 19/08/2024 à 13:40
Berlin table, pour compenser, sur la mise à disposition de l'Ukraine d'un prêt de 50 milliards de dollars garanti par les actifs russes immobilisés.
Deuxième contributeur après les États-Unis, l'Allemagne a annoncé samedi réduire de moitié ses dépenses militaires au profit de Kiev en 2025, misant sur l'argent généré par les avoirs russes gelés pour continuer à soutenir le pays. Le gouvernement allemand a toutefois assuré lundi 19 août rester "pleinement engagé" dans son soutien militaire à l'Ukraine.
"L'Allemagne reste pleinement engagée (...) Le soutien à l'Ukraine sera poursuivi aussi longtemps que nécessaire et personne, surtout pas le président russe, n'a de raison d'espérer que nous relâchions (l'effort, ndlr)", a assuré Wolfgang Büchner, porte-parole du gouvernement lors d'une conférence de presse. "Les articles suggérant que nous réduisons l'aide sont tout simplement inexacts" , a-t-il ajouté, pointant du doigt des accusations "infâmes".
Le gouvernement d'Olaf Scholz, en quête d'économies budgétaires, ne prévoit "pas d'aides supplémentaires" aux 4 milliards d'euros inscrits dans son projet de budget de l'an prochain pour aider militairement Kiev, a indiqué samedi une source parlementaire à l' AFP . Il n'y aura pas non plus d'enveloppe additionnelle pour Kiev cette année, au-delà des 8 milliards d'euros de financement déjà approuvés. Cette décision a fait l'objet d'un accord entre le chancelier social-démocrate (SPD) et le ministre des Finances du parti libéral Christian Lindner, selon le journal Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS).
Elle a d'ores et déjà des conséquences : à l'heure actuelle "aucune nouvelle commande n'est lancée pour l'Ukraine, car elles ne sont plus financées", a déclaré à l'hebdomadaire le député Andreas Schwarz, membre de la commission du budget et spécialiste des questions de défense. Selon le FAS, il n'a ainsi pas été possible de financer, en juillet, un système de défense antiaérienne de type IRIS-T en faveur Kiev. le ministère de la Défense voulait aussi commander cette année, hors budget 2024, ses munitions d'artillerie et des drones, affirme le journal.
Avoirs russes
Berlin table, pour compenser, sur la mise à disposition de l'Ukraine d' un prêt de 50 milliards de dollars garanti par les futurs intérêts produits par les actifs russes immobilisés. Ce nouvel instrument financier a fait l'objet d'un accord entre les pays du G7 lors de leur sommet de juin en Italie.
"Nous partons fermement du principe que ce qui a été convenu (...) se réalisera", a déclaré Wolfgang Büchner qui a estimé que ce mécanisme basé sur les avoirs russes verrait le jour "d'ici fin 2024". Les discussions pour mettre en œuvre ce prêt géant "sont en bonne voie", a assuré à la presse lundi un porte-parole du ministère allemand des Finances.
Reste que la division par deux de l'aide militaire bilatérale de Berlin fait l'objet d'intenses critiques en Allemagne et rajoute de l'incertitude alors que la présidentielle américaine pourrait rebattre les cartes du soutien international à Kiev. "L'Allemagne reste de loin le plus grand soutien de l'Ukraine en Europe -cela vaut pour les sept milliards et demi de soutien approuvés cette année, mais aussi pour l'année prochaine", a répliqué lundi le porte-parole du gouvernement.
Des "enveloppes spéciales" pour compenser ?
Face aux craintes que les sommes budgétées pour 2024 et 2025 ne suffisent pas à livrer les équipements dont Kiev a besoin, le ministère des Finances allemand s'est dit prêt, samedi, à "examiner la mise à disposition à court terme de moyens supplémentaires" , via des enveloppes spéciales. "Nous continuerons à nous assurer que l'Ukraine obtienne les moyens dont elle a besoin pour poursuivre sa lutte", a assuré lundi un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Les troupes russes, plus nombreuses et mieux équipées, poursuivent ces derniers jours leur avancée sur le front dans l'Est, malgré l'offensive ukrainienne en Russie, dans la région de Koursk.
Les négociations entre les deux parties sont complètement bloquées depuis le printemps 2022, Moscou continuant d'exiger que l'Ukraine accepte l'annexion d'une partie de son territoire.