"Grand réveil alimentaire": la FNSEA rejette une "opération de communication" ministérielle
information fournie par AFP 20/11/2025 à 16:29

"On doit vraiment proposer des contrats d'avenir avec une déclinaison opérationnelle", avait prévenu le président des JA, Pierrick Horel, en septembre. ( AFP / Bertrand GUAY )

La FNSEA a fait savoir jeudi qu'elle ne participerait pas à une matinée baptisée "Le grand réveil alimentaire" annoncée par le ministère de l'Agriculture qui, pour le puissant syndicat, "s'apparente davantage à une opération de communication".

Le ministère a annoncé la tenue le 8 décembre au marché de Rungis d'un événement baptisé "Le grand réveil alimentaire", avec "un discours majeur" prononcé par Annie Genevard pour lancer les conférences promises sur la future stratégie française en matière de souveraineté alimentaire.

Ces conférences, qui doivent déboucher sur des plans de filières, sont prévues par la loi d'orientation agricole adoptée début 2025.

La ministre en a souligné "la nécessité", devant une commission sénatoriale mercredi, alors que la dégradation de la balance commerciale agricole et alimentaire française constitue une "alerte à un niveau maximal".

Mme Genevard cite souvent les fruits et légumes, que la France importe massivement, ou la perte de souveraineté sur la volaille quand la moitié des poulets consommés viennent d'Ukraine ou du Brésil, ou encore la perte de compétitivité de la viticulture, confrontée à des crises structurelles.

"La souveraineté alimentaire est un enjeu majeur" et la FNSEA, qui y travaille "depuis des années", "réaffirme son engagement à participer pleinement aux groupes de travail" des futures conférences sur le sujet, a réagi le syndicat dans un communiqué jeudi.

"En revanche, la FNSEA s'étonne profondément de la forme donnée à la séquence de lancement annoncée." Pour le syndicat, "une telle séquence ne prendrait sens qu'à l'issue des travaux" et son intitulé, "Grand réveil", "laisse entendre que le secteur se serait assoupi".

Selon les Jeunes agriculteurs (JA), l'objectif des conférences est de "regarder filière par filière ce qu'on veut et quels moyens on met".

"Faire des constats et les partager, on n'en est plus là. On va s'appuyer sur le travail fait en amont depuis un certain nombre d'années. Mais là, on doit vraiment proposer des contrats d'avenir avec une déclinaison opérationnelle", avait prévenu le président des JA, Pierrick Horel, en septembre.

"Il faut attraper ce sujet par les cornes, de façon pragmatique, ne pas faire un énième débat sur l'agriculture", a pour sa part déclaré à la presse mi-novembre Sébastien Windsor, président de Chambres d'agriculture France.

Christiane Lambert, qui chapeautera le groupe de travail dédié à la viande blanche et préside la Fédération des industriels charcutiers et traiteurs (FICT) après avoir présidé la FNSEA, a mis en garde contre des conférences trop théoriques et sans mise en pratique, disant à l'AFP "attendre de voir".