Gaza-Six personnes de plus sont mortes de faim et de malnutrition
information fournie par Reuters 03/08/2025 à 21:52

(Actualisé avec déclarations du Hamas en fin de dépêche)

par Nidal al-Mughrabi

Six personnes de plus sont mortes de faim et de malnutrition à Gaza au cours des dernières 24 heures, a déclaré le ministère gazaoui de la Santé dimanche, tandis qu'Israël a indiqué avoir autorisé une livraison de carburant dans l'enclave, en proie à une catastrophe humanitaire après bientôt deux ans de guerre.

Selon le ministère, ces nouveaux décès portent à 175, dont 93 enfants, le nombre de personnes mortes depuis le début de la guerre en raison de ce que les agences humanitaires internationales considèrent comme une famine en cours.

La chaîne télévisée égyptienne Al Qahera News TV a indiqué que deux camions transportant 107 tonnes de diesel étaient sur le point d'entrer à Gaza, des mois après qu'Israël a sévèrement restreint l'accès de l'aide à l'enclave avant de l'assouplir quelque peu alors que la famine commençait à sévir.

Le Cogat, l'agence israélienne de coordination de l'aide militaire, a par la suite indiqué que quatre camions-citernes de carburant de l'Onu étaient entrés dans la bande de Gaza pour approvisionner des hôpitaux, des boulangeries, des cuisines collectives et d'autres services essentiels.

Il n'était pas possible de confirmer dans l'immédiat si les camions étaient bien entrés dans l'enclave.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, les pénuries de carburant ont lourdement affecté les services hospitaliers, obligeant les médecins à ne traiter que les patients gravement malades ou blessés.

Les livraisons de carburant sont rares depuis le mois de mars, date à laquelle Israël a imposé un blocus sur Gaza pour faire pression sur les membres du Hamas afin qu'ils libèrent les derniers otages qu'ils ont enlevés en attaquant l'Etat hébreu en octobre 2023.

Face au tollé international, Israël a annoncé la semaine dernière des mesures visant à permettre à la population de recevoir davantage d'aide, notamment en interrompant les combats pendant une partie de la journée dans certaines zones, en approuvant des largages aériens et en mettant en place des itinéraires sécurisés pour les convois d'aide.

AU MOINS 40 MORTS DIMANCHE

Les agences de l'Onu estiment cependant que les largages aériens sont insuffisants et qu'Israël doit laisser entrer beaucoup plus d'aide par voie terrestre et ouvrir l'accès au territoire pour éviter la famine parmi les 2,2 millions d'habitants de l'enclave, dont la plupart ont été déplacés au milieu de vastes étendues de décombres.

Selon le Cogat, plus de 23.000 tonnes d'aide humanitaire réparties dans 1.200 camions sont entrées à Gaza au cours de la semaine écoulée, mais des centaines de camions n'ont pas encore atteint les centres de distribution des Nations unies et d'autres organisations internationales.

Par ailleurs, l'armée de l'air belge a procédé dimanche au premier largage d'une série de colis d'aide à Gaza dans le cadre d'une opération conjointe avec la Jordanie, a déclaré le ministère belge de la Défense.

Vendredi, la France a quant à elle commencé à larguer 40 tonnes d'aide humanitaire.

Le bureau des médias du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré dimanche que près de 1.600 camions d'aide étaient entrés dans l'enclave depuis qu'Israël a assoupli ses restrictions fin juillet. Toutefois, des témoins et des sources du Hamas ont déclaré que nombre de ces camions ont été pillés par des personnes désespérées et des bandes armées.

Selon les autorités sanitaires locales, au moins 40 personnes ont été tuées dimanche à Gaza par des tirs et des bombardements israéliens, dont certaines tentaient de rejoindre des points de distribution d'aide dans les zones méridionales et centrales de l'enclave.

NETANYAHU DEMANDE AU CICR D'AIDER LES OTAGES

Parmi les personnes tuées figure un membre du personnel du Croissant-Rouge palestinien, qui a fait état d'une frappe sur son siège à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, ayant provoqué un incendie au premier étage du bâtiment.

La guerre à Gaza a commencé lorsque le Hamas a tué plus de 1.200 personnes et fait 251 otages lors d'une attaque transfrontalière contre le sud d'Israël le 7 octobre 2023, selon les chiffres israéliens.

La guerre aérienne et terrestre menée par Israël dans l'enclave, densément peuplée, a depuis lors tué plus de 60.000 Palestiniens, selon les responsables de la santé de Gaza.

Selon les autorités israéliennes, il reste 50 otages à Gaza, dont 20 seulement seraient encore en vie.

Samedi, le Hamas a publié une deuxième vidéo en deux jours de l'otage israélien Evyatar David, dans laquelle il apparaît extrêmement maigre, en train de creuser un trou qui, dit-il, sera sa propre tombe.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré dimanche qu'il avait demandé au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d'apporter une aide humanitaire aux otages.

Le Hamas s'est ensuite dit prêt à se coordonner avec le CICR pour acheminer de l'aide aux otages, à condition qu'Israël ouvre de manière permanente des corridors humanitaires et suspende ses opérations aériennes pendant la distribution de l'aide.

Le Hamas a interdit aux organisations humanitaires tout accès aux otages jusqu'à présent et les familles de ceux-ci ont très peu d'informations, voire aucune, sur leur état.

(Reportage Nidal Al-Mughrabi et Jaida Taha, avec Menna Alaa El-Din et Maayan Lubell ; version française Kate Entringer et Benjamin Mallet)