Gaza-Le Hamas exécute des pillards sur fond de crise alimentaire-sources information fournie par Reuters 04/05/2025 à 16:36
par Nidal al-Mughrabi
Le Hamas a exécuté des pillards présumés après plusieurs incidents au cours desquels des bandes lourdement armées ont attaqué des magasins d'alimentation et des cuisines communautaires dans la bande de Gaza cette semaine, ont déclaré des sources proches du groupe militant palestinien.
Les responsables du Hamas ont accusé certains des pillards de travailler en collaboration avec Israël, qui bloque depuis deux mois l'entrée de l'aide dans l'enclave. Israël n'a pas commenté cette allégation.
Le ministère de l'Intérieur dirigé par le Hamas a déclaré que, lors de l'un des incidents, un tir de drone israélien contre une unité de police qui poursuivait des criminels dans la ville de Gaza avait tué un officier et blessé d'autres personnes.
"Nous frapperons d'une main de fer tous ces renégats et nous prendrons les mesures nécessaires pour les dissuader, quel qu'en soit le prix. Nous ne les laisserons pas continuer à terroriser les citoyens, à menacer leur vie et à voler leurs biens", a déclaré le ministère dans un communiqué, samedi, en référence aux pillards présumés.
Ismail Al Thawabta, directeur du bureau de presse du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas, a déclaré que certains des pillards agissaient sous l'égide d'un clan et d'autres en tant que groupes organisés, dont certains reçoivent selon lui un soutien direct de la part d'Israël.
Il a ajouté que des "décisions d'exécution révolutionnaires" avaient été prises à l'encontre de "plusieurs criminels de haut rang" dont l'implication dans les pillages était avérée.
Des habitants de Gaza et des médias palestiniens ont déclaré que la branche armée du Hamas avait imposé des couvre-feux à partir de 21 heures pour limiter les déplacements des civils et poursuivre les criminels.
Des représentants des Nations unies ont mis en garde contre une situation humanitaire de plus en plus grave à Gaza, que la campagne israélienne lancée à la suite de l'attaque menée par le Hamas du 7 octobre 2023 a transformée en champ de ruines.
"ILS AIDENT L'OCCUPATION À NOUS AFFAMER"
Israël a défendu son blocus sur l'aide à Gaza, alléguant que le Hamas volait les fournitures destinées à la population civile et les distribuait à ses propres forces, ce que le groupe palestinien nie.
Le Hamas est confronté à des manifestations de la population de Gaza, irritée par la pénurie de nourriture et de plus en plus confinée dans des zones situées au centre de l'enclave et le long de la côte, les forces israéliennes ayant créé de vastes zones tampons.
"Ces gangs, dont certains sont armés, ont terrorisé les gens, non seulement en volant de la nourriture, mais aussi en arrêtant certaines personnes sur les routes et en leur prenant leur argent et leur téléphone", a déclaré Ahmed, habitant de la ville de Gaza.
"Ils aident l'occupation à nous affamer ; ils doivent être traités comme des collaborateurs", a-t-il déclaré à Reuters sur une application de discussion.
L'agence de presse SAFA, proche du Hamas, a déclaré que le ministère de l'Intérieur avait formé une nouvelle force de 5.000 membres chargée de lutter contre les pillards et les bandes armées.
Les forces de police locales ont cependant été entravées dans leur action par les attaques des drones israéliens contre des hommes armés.
Le Hamas a déployé des milliers de policiers et de membres des forces de sécurité dans toute la bande de Gaza après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu en janvier, mais sa présence armée s'est fortement réduite depuis qu'Israël a repris ses attaques à grande échelle, en mars.
Les frappes israéliennes ont par ailleurs fait au moins 40 morts dans l'enclave au cours des dernières 24 heures, selon le ministère de la santé du territoire.
La campagne israélienne à Gaza a été déclenchée par l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a fait 1.200 morts dans le sud d'Israël et 251 otages. À ce jour, plus de 52.500 Palestiniens ont été tués.
(Reportage Nidal al Mughrabi, version française Benjamin Mallet)