Gaza-L'UE va examiner son accord d'association avec d'Israël, dit Kallas
information fournie par Reuters 20/05/2025 à 20:09

(Actualisé tout du long avec Kallas, porte-parole de l'Onu, précisions)

L'Union européenne va examiner le respect par Israël de leur accord d'association au regard de la situation "catastrophique" dans la bande de Gaza, a déclaré mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères du bloc.

"Il est clair dans les discussions d'aujourd'hui qu'il y a une forte majorité en faveur d'un examen de l'Article 2 de notre accord d'association avec Israël. Nous allons donc le lancer", a-t-elle dit devant les journalistes.

Cette décision, a-t-elle précisé, reflète l'avis de Bruxelles selon lequel la situation est intenable dans la bande de Gaza, où Israël a intensifié en mars ses opérations militaires aériennes et terrestres ainsi que bloqué l'entrée de toute aide humanitaire dans l'enclave palestinienne.

Face à l'indignation internationale, les autorités israéliennes ont dit lundi autoriser de manière limitée l'arrivée d'aide à Gaza.

"La situation à Gaza est catastrophique", a déploré Kaja Kallas. "L'aide qu'Israël a autorisée est bien sûr bienvenue, mais c'est une goutte d'eau dans l'océan. L'aide doit affluer immédiatement, sans obstruction et à grande échelle, parce que c'est ce qui est nécessaire".

Aucune aide n'a pour l'heure été distribuée par l'Onu à Gaza, a toutefois déclaré mardi le porte-parole des Nations unies, Stephane Dujarric, indiquant que l'une des équipes onusiennes présentes sur place n'avait pas reçu le feu vert d'Israël pour acheminer des livraisons vers son entrepôt.

Kaja Kallas a également fait savoir que des sanctions européennes en réponse aux violences de colons israéliens dans les territoires palestiniens étaient prêtes, mais que l'un des pays membres de l'UE les bloquait. Elle n'a pas précisé de quel pays il s'agissait. De telles décisions requièrent un consensus.

De son côté, la Grande-Bretagne a annoncé la suspension des négociations commerciales avec Israël, dont elle a convoqué l'ambassadeur à Londres, pour protester contre l'extension des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza.

PARIS SOUTIENT L'EXAMEN DE L'ACCORD D'ASSOCIATION

Plus tôt dans la journée, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que Paris appelait la Commission européenne à examiner le respect ou non par Israël de l'accord d'association avec l'UE.

"Les Pays-Bas ont proposé le réexamen de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël et en particulier le réexamen du respect de son Article 2, qui dit que chacune des deux parties, l'Europe et Israël, doit respecter les droits de l'Homme", a-t-il dit sur France Inter.

"Nous avons soutenu cette initiative et j'appelle la Commission européenne à faire cet examen, à instruire cette demande et à montrer si oui ou non Israël respecte cet article, respecte ses obligations vis-à-vis des droits de l'Homme".

Dans une déclaration rare et ferme, France, Canada et Royaume-Uni ont conjointement exhorté lundi Israël à laisser entrer l'aide humanitaire à Gaza et ont dénoncé la nouvelle offensive terrestre de l'Etat hébreu, le menaçant d'"actions concrètes".

Cette déclaration a été dénoncée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, reprochant aux dirigeants britannique, canadien et français d'offrir une "récompense" à l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023.

"En demandant à Israël de mettre fin à une guerre défensive pour notre survie avant que les terroristes du Hamas à notre frontière ne soient détruits et en exigeant un État palestinien, les dirigeants de Londres, d'Ottawa et de Paris offrent une récompense énorme pour l'attaque génocidaire contre Israël du 7 octobre tout en invitant à d'autres atrocités de ce genre", a-t-il écrit sur le réseau social X.

Benjamin Netanyahu avait déjà reproché la semaine dernière à Emmanuel Macron de s'être rangé du côté du Hamas après que le président français a déclaré lors d'un entretien sur TF1 que ce que faisait le dirigeant israélien à Gaza était une "honte".

Israël a poursuivi mardi son oeuvre de destruction dans la bande de Gaza, ravagée dans le cadre du siège total mené par l'Etat hébreu en réponse à l'attaque du 7 octobre 2023. Au moins 50 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens menés dans la journée, selon les autorités locales. Plus de 500 Palestiniens ont été tués à Gaza au cours des huit derniers jours.

Benjamin Netanyahu a confirmé lundi vouloir prendre le contrôle de l'ensemble de la bande de Gaza. A cette fin, l'armée israélienne a dit mardi qu'elle allait amplifier ses mouvements de troupes et s'emparer de nouveaux territoires dans l'enclave palestinienne.

(Rédigé par Benjamin Mallet et Jean Terzian, avec Zhifan Liu et John Irish à Paris, Benoit Van Overstraeten et Andrew Gray à Bruxelles, édité par Kate Entringer et Nicolas Delame)