Gaza-Deux Palestiniens tués par des tirs israéliens, la trêve dans une impasse
information fournie par Reuters 03/03/2025 à 12:55

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Des médiateurs tentent de sauver l'accord de cessez-le-feu

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Israël impose un blocus sur toutes les livraisons à Gaza

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Les magasins de Gaza se vident et certains prix doublent

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par Nidal al-Mughrabi

Au moins deux personnes ont été tuées à Rafah et trois autres blessées à Khan Younès par des tirs israéliens, dans le sud de la bande de Gaza, où les craintes d'un échec de la trêve se renforcent après l'instauration par Israël d'un blocus total de l'enclave palestinienne.

La première phase de l'accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, qui avait débuté le 19 janvier pour six semaines, s'est achevée ce week-end sans qu'aucun accord ne soit trouvé sur la suite.

Israël a décidé dimanche de bloquer l'entrée de camions humanitaires dans la bande de Gaza et d'imposer un blocus total, y compris pour la nourriture et le carburant.

Cette décision, qui affecte les 2,3 millions de Gazaouis, est perçue par le Hamas comme un "chantage" alors que l'Etat hébreu cherche à prolonger la première phase jusqu'à avril. Cette première phase prévoyait la remise de 33 otages israéliens en échange de quelque 2.000 prisonniers et détenus palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes.

Le Hamas, de son côté, rejette toute prorogation de cette première phase et souhaite passer dans l'immédiat à la deuxième qui prévoit notamment le retrait complet de l'armée israélienne de l'enclave palestinienne et une fin définitive de la guerre.

Selon deux responsables du gouvernement israélien, les médiateurs chargés du processus de cessez-le-feu ont demandé à l'Etat hébreu quelques jours supplémentaires pour résoudre le différend entre les deux camps.

D'après des habitants de Gaza, des chars israéliens stationnés près des frontières est et sud de l'enclave ont intensifié les tirs tout au long de la nuit de dimanche à lundi.

Au moins deux personnes ont été tuées par un tir de drone israélien à Rafah et trois autres blessées par un tir d'hélicoptère sur Khan Younès, ont précisé les services de secours.

L'armée israélienne n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat.

Un responsable d'un des groupes alliés au Hamas à Gaza a déclaré à Reuters que les combattants du mouvement étaient désormais en état d'alerte en prévision d'une éventuelle "action de traîtrise de l'occupation".

Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué avoir adopté une proposition de Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, visant à instaurer un cessez-le-feu temporaire pour le mois sacré du Ramadan et la fête juive de Pessa'h, qui s'achève le 20 avril.

La nouvelle trêve serait conditionnée à la libération par le Hamas dans un premier temps de la moitié des otages vivants ou morts restants, les derniers étant remis aux autorités israéliennes si un accord est trouvé sur un cessez-le-feu permanent.

Le Hamas dit vouloir s'en tenir à l'accord de cessez-le-feu initialement convenu et réaffirme que les otages restants ne pourront être libérés que dans le cadre de ce plan.

PRIX DOUBLÉS À GAZA

Le ministère de l'Intérieur de Gaza, dirigé par le Hamas, a par ailleurs appelé les habitants à fournir des informations sur les commerçants qui augmentent les prix des denrées alimentaires à la suite du nouveau blocus imposé par Israël.

Selon les habitants de l'enclave, les magasins ont été rapidement vidés de leurs stocks et le prix d'un sac de farine a plus que doublé du jour au lendemain.

"D'où viendra notre nourriture?", s'interroge Salah al Hajj Hassan, un habitant de Jabalia, ville située dans l'extrême nord de la bande de Gaza, où des familles ont effectué leur retour dans des logements détruits après des mois de guerre.

"Nous sommes en train de mourir, et nous ne voulons pas de guerre, ni de signaux d'alerte concernant les déplacements de population, ni de signaux d'alerte concernant la famine de nos enfants", a-t-il ajouté.

Tamer al Burai, un homme d'affaires gazaoui, note pour sa part que le prix d'un sac de farine est passé de 40 à 100 shekels (27 euros), tandis que les tarifs de l'huile de cuisine, du carburant et des légumes ont également augmenté.

"C'est catastrophique et les choses pourraient empirer si le cessez-le-feu n'est pas rétabli ou s'il n'y a pas d'intervention des autorités locales contre les commerçants cupides", a-t-il dit à Reuters via une application de messagerie en ligne.

Salama Marouf, responsable presse du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas, a exhorté les habitants de l'enclave à ne pas paniquer, affirmant qu'il y avait suffisamment de ressources alimentaires sur les marchés pour au moins deux semaines.

"Il y a des pressions pour contraindre l'occupation à s'engager à respecter l'accord de cessez-le-feu et à rouvrir le passage (pour l'aide humanitaire)", a-t-elle déclaré dans un communiqué publié lundi.

(Reportage Nidal al-Mughrabi, avec la contribution de Jana Choukeir et Maayan Lubell, version française Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)