Gaza-Des milliers de Palestiniens rentrent chez eux alors qu'Israël se retire partiellement pour le cessez-le-feu
information fournie par Reuters 10/10/2025 à 14:37

(Actualisé avec déplacement massif des Gazaouis, Netanyahu, Witkoff, détails)

Les forces armées israéliennes se sont partiellement retirées de certaines parties de la bande de Gaza vendredi après que le gouvernement israélien a ratifié l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas, laissant la possibilité à des milliers de Gazaouis déplacés de retourner chez eux.

Le retrait des troupes israélienne intervient après qu'Israël et le Hamas sont arrivés à une entente, jeudi, sur la première phase du plan du président américain Donald Trump pour mettre fin à la guerre, à l'issue de pourparlers indirects dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh.

L'armée israélienne a annoncé que l'accord de cessez-le-feu est entré en vigueur à 12h00, heure locale (09h00 GMT). Les otages en vie encore retenus à Gaza par le Hamas devraient être libérés dans les prochaines 72 heures, en échange de prisonniers palestiniens.

À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des soldats se sont retirées de la zone orientale près de la frontière, bien que des habitants en contact avec Reuters aient rapporté avoir entendu tirs de chars.

Dans le camp de Nousseirat, au centre de l'enclave, certains soldats israéliens ont quitté leurs positions et se sont dirigés vers l'est, en direction de la frontière israélienne. D'autres sont cependant restées dans la zone après que des coups de feu ont été entendus tôt vendredi matin.

Les forces israéliennes se sont également retirées de la route longeant la côte méditerranéenne menant à la ville de Gaza.

Le retrait des forces israéliennes n'est pour le moment que partiel puisque celles-ci continueront à contrôler environ la moitié de l'enclave palestinienne.

Dans une allocution télévisée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que les forces israéliennes resteraient à Gaza pour garantir la démilitarisation du territoire et le désarmement du Hamas dans les prochaines étapes du plan de Donald Trump.

"Si cela peut être réalisé facilement, tant mieux, sinon, cela se fera de manière plus difficile", a-t-il déclaré.

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a déclaré que l'armée israélienne avait achevé la première phase du retrait à Gaza et que la période de libération des otages avait commencé.

LES GAZAOUIS REGAGNENT LEURS MAISONS

Une colonne massive de Gazaouis déplacés se dirigeait vers le nord vendredi, empruntant la route côtière en direction de la ville de Gaza.

"Dès que nous avons appris la nouvelle de la trêve et du cessez-le-feu, nous avons été très heureux et nous nous sommes préparés à retourner dans la ville de Gaza, dans nos maisons. Bien sûr, il n'y a plus de maisons, elles ont été détruites", a déclaré Mahdi Saqla, 40 ans.

"Mais nous sommes heureux de retourner là où se trouvaient nos maisons, même sur les décombres. C'est aussi une grande joie. Cela fait deux ans que nous souffrons, que nous sommes déplacés d'un endroit à l'autre".

Le porte-parole de l'armée israélienne, le brigadier général Effie Defrin, a exhorté les habitants de Gaza à éviter de pénétrer dans les zones sous contrôle militaire israélien.

"Respectez l'accord et assurez votre sécurité", a-t-il déclaré vendredi.

Les secouristes de la ville de Gaza ont commencé à intervenir dans des zones où ils ne pouvaient intervenir auparavant. Les médecins ont déclaré qu'au moins dix corps avaient été récupérés.

"Est-ce fini ? Ils disent que oui. Pourquoi personne ne vient nous dire s'il y a un cessez-le-feu et si nous pouvons cesser d'avoir peur ?", s'est questionné Ismail Zayda, 40 ans, après s'être réjouit du fait que sa maison tenait encore debout.

Khalil al Hayya, dirigeant politique en exil du mouvement islamiste palestinien Hamas, a proclamé jeudi la fin de la guerre et le début d'un cessez-le-feu permanent avec Israël, assurant avoir reçu des garanties des États-Unis et d'autres médiateurs sur la fin du conflit.

LES OTAGES LIBÉRÉS DANS LES PROCHAINS JOURS

Vingt otages retenus par le Hamas sont toujours présumés en vie à Gaza, tandis que 26 sont présumés morts. Le sort de deux autres otages reste inconnu.

"Le gouvernement vient d'approuver le cadre pour la libération de tous les otages, vivants ou décédés", s'est félicité vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur X.

Le Hamas a indiqué que la récupération des corps des victimes pourrait prendre plus de temps que la libération des personnes encore en vie.

Des prisonniers palestiniens, dont la liste des noms n'a pas encore été publiée par les deux parties, devraient être libérés en échanges des otages.

Une fois l'accord mis en œuvre, des camions transportant de la nourriture et des secours médicaux afflueront à Gaza pour venir en aide aux civils.

Les États-Unis déploieront 200 soldats dans le cadre d'une force de stabilisation pour Gaza, sans qu'aucun Américain ne pénètre dans l'enclave palestinienne, ont déclaré jeudi deux hauts responsables américains.

Les responsables, s'exprimant sous couvert d'anonymat, ont déclaré que ce premier contingent servirait de pilier à la constitution d'un groupe d'intervention plus large incluant l'Égypte, le Qatar, la Turquie et probablement les Émirats arabes unis.

D'autres mesures du plan de Donald Trump, dont la gouvernance et la reconstruction de la bande de Gaza, doivent encore être convenues.

Le président américain a déclaré qu'il se rendrait dans la région dimanche, peut-être pour assister à une cérémonie de signature en Égypte.

Plus de 67.000 Palestiniens ont été tués lors de l'offensive israélienne sur Gaza, lancée après que des combattants du Hamas ont pris d'assaut des villes israéliennes le 7 octobre 2023, faisant 1.200 morts et 251 otages.

(Rédigé par Hatem Maher, Steve Holland et Ismail Shakil, avec Maayan Lubell à Jérusalem et Nidal al-Mughrabi au Caire, Mahmoud Issa ; version française Augustin Turpin et Etienne Breban, édité par Kate Entringer)