France-Robert Badinter, artisan de l'abolition, entre au Panthéon
information fournie par Reuters 09/10/2025 à 20:09

(Actualisé avec cérémonie au Panthéon)

Emmanuel Macron a présidé jeudi soir la cérémonie d'entrée au Panthéon de Robert Badinter, ancien avocat et ministre de la Justice à l'origine de l'abolition de la peine de mort en France en 1981.

Des milliers de personnes massées au long de la rue Soufflot, qui mène au Panthéon, ont applaudi au passage du cénotaphe recouvert d'un drapeau tricolore en préambule de la cérémonie déroulée sous haute sécurité par une belle soirée d'automne.

"La justice française ne sera plus une justice qui tue. La peine de mort est abolie", pouvait-on lire sur la façade du Panthéon arborant en son centre une photographie en noir et blanc de l'ancien ministre décédé en 2024 et enterré au cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine).

"Les morts ici aussi nous écoutent et il est des voix que nous entendons encore raisonner", a déclaré Emmanuel Macron devant un parterre de personnalités et la famille du défunt, dont son épouse Elisabeth.

L'ancien président François Hollande, de nombreux ex-Premiers ministres dont Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Dominique de Villepin, le grand rabbin de France Haïm Korsia et l'actuel Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu ont assisté à la cérémonie durant laquelle le chanteur Julien Clerc a interprété "L'assassin assassiné".

Des magistrats en robe ont accompagné l'entrée de Robert Badinter au Panthéon, symbolisant l'abolition de la peine de mort en France promulguée le 9 octobre 1981 sous l'impulsion du président socialiste François Mitterrand.

ANTISÉMITISME

"N'éteignons jamais cette colère face à l'antisémitisme", a aussi déclaré le chef de l'Etat, rappelant l'un des combats de Robert Badinter, dont la tombe a été profanée quelques heures avant la cérémonie.

Emmanuel Macron a dénoncé cet acte en début de journée dans un message sur les réseaux sociaux.

"Honte à ceux qui ont voulu souiller sa mémoire. Ce soir, il entrera au Panthéon, demeure éternelle de la conscience et de la justice. La République est toujours plus forte que la haine", a écrit le chef de l'Etat.

Sur X, la maire de Bagneux Marie-Hélène Amiable a fait état d'inscriptions "mettant en accusation" les engagements de Robert Badinter contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l'homosexualité.

Ces dégradations ont provoqué de vives réactions au sein de la classe politique française, le chef de file de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon dénonçant sur X une "ignoble agression d'extrême droite contre la tombe de Robert Badinter".

"L'extrême droite a toujours combattu Robert Badinter pour ce qu'il défendait, de l'abolition de la peine de mort à la dépénalisation de l'homosexualité, autant que pour ce qu'il était. Elle continue de salir sa mémoire", a déclaré sur le même réseau social Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a appelé sur X à fermement condamner et sanctionner la profanation de la tombe de Robert Badinter.

La Maire de Paris, Anne Hidalgo, a déclaré sur le réseau social Bluesky avoir "adressé ce matin un signalement auprès du Parquet afin que le ou les auteurs puissent être interpellés et condamnés."

(Rédigé par Elizabeth Pineau, Benjamin Mallet et Kate Entringer ; édité par Blandine Hénault et Jean-Stéphane Brosse)