France/Retraites: La CFDT veut arrêter le conclave "tel qu'il existe"
information fournie par Reuters 19/03/2025 à 10:58

La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon

La secrétaire générale de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Marylise Léon, a appelé mercredi à arrêter la concertation en cours entre partenaires sociaux sur les retraites et à ouvrir un nouveau format de discussions, dénonçant l'ingérence du Premier ministre François Bayrou dans le processus.

Les partenaires sociaux ont entamé le mois dernier un "conclave" destiné à remettre en chantier la réforme contestée de 2023 sur les retraites, qui prévoit de repousser l'âge légal de départ à 64 ans. François Bayrou s'était engagé à des discussions "sans tabou" sur ce sujet hautement sensible tout en appelant à conserver l'équilibre financier du système.

Mais il a jeté le trouble en excluant dimanche un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans alors même que les syndicats, notamment la CFDT et la Confédération générale du travail (CGT), souhaitent pour leur part revenir sur cet âge de départ.

"Je prétends que ce n'est pas possible" de supprimer la réforme des retraites de 2023 sans dégrader l'équilibre financier du système, a de nouveau affirmé mardi le Premier ministre à l'Assemblée nationale.

"Le conclave tel qu'il a démarré ne peut pas continuer, le Premier ministre a rompu le contrat. Dont acte", a réagi mercredi Marylise Léon sur RMC/BFMTV.

"On ferme le conclave tel qu'il existe aujourd'hui et on en ouvre un autre", a-t-elle ajouté. "On va donc se retrouver parmi ceux qui ont envie de travailler et on va définir des nouvelles règles et des nouveaux sujets".

"La question de l'âge sera sur la table (...) Je pense qu'il faut qu'on applique les règles que le Premier ministre avait posées, qu'il n'a pas respectées, 'pas de totem ni de tabou', tout est sur la table", a encore dit la secrétaire générale de la CFDT.

Marylise Léon a indiqué que les différents syndicats feraient "un point" dans la soirée alors que la CGT pourrait décider de se retirer du conclave sur les retraites, comme l'a fait au premier jour des discussions Force ouvrière (FO).

ÉQUILIBRE FINANCIER

Mardi, l'Union des entreprises de proximité (U2P) - l'une des trois organisations patronales représentatives avec le Medef et la CPME - a annoncé son retrait des négociations en cours, mettant en avant le contexte international et la volonté du gouvernement de renforcer ses dépenses militaires ainsi que les projections "alarmantes" de déficit du système des retraites par la Cour des comptes.

De son côté, le président du Medef, Patrick Martin, a dit vouloir poursuivre le conclave, tout en critiquant l'attitude des syndicats qui ne prennent pas en compte selon lui "la situation des finances publiques qui devient critique".

"Dans le panorama général du pays, nos instances ont considéré qu'il fallait laisser sa chance au produit même si les perspectives d'aboutir sont minces", a-t-il dit mercredi sur Radio Classique.

"Dès l'origine, j'ai posé un certain nombre de conditions (...) en toute priorité, que nous nous accordions avec telle ou telle organisation syndicale sur l'impératif de retour à l'équilibre financier. A ce stade, les syndicats ne se dévoilent pas et veulent faire passer d'autres sujets (...) avant. Nous ne pouvons pas nous exonérer de ce débat", a ajouté le président du Medef, tout en assurant que "la ligne n'est pas coupée" entre organisations patronales et syndicales.

Une nouvelle réunion des partenaires sociaux est prévue jeudi dans le cadre du conclave qui doit normalement s'achever fin mai.

(Rédigé par Blandine Hénault, avec la contribution de Bertrand Boucey)