France/Retraites: "Il ne faut pas lâcher", disent les syndicats à nouveau mobilisés
information fournie par Reuters 07/02/2023 à 19:23

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      Transports encore perturbés, des cortèges dans toute la
France
    

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      La participation semble moindre que les journées
précédentes
    

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      757.000 manifestants dans le pays selon le ministère de
l'Intérieur
    

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      Débat à l'Assemblée, nouvelle journée de mobilisation
samedi
    

  
 (Ajoute données du ministère de l'Intérieur)
    par Elizabeth Pineau
       PARIS, 7 février (Reuters) - Une partie des Français
était de nouveau mobilisée mardi contre le projet de réforme des
retraites du gouvernement d'Elisabeth Borne lors d'une journée
aux allures de test pour les syndicats, au lendemain du début de
l'examen du texte à l'Assemblée nationale dans une ambiance
tendue.
    Pour cette troisième journée de contestation nationale, et
avant un nouvel opus samedi, les perturbations semblaient
moindres dans les transports et la fonction publique notamment,
même si les cortèges étaient encore nombreux partout en France.
        D'après le ministère de l'Intérieur, 757.000 personnes
ont manifesté dans le pays, dont 57.000 à Paris.
  
        "Il ne faut pas lâcher", a exhorté le secrétaire général
de la CGT, Philippe Martinez, avant le départ du cortège
parisien. "Emmanuel Macron en fait une affaire personnelle. Il
se décrédibilise face aux citoyens de ce pays. Il essaie de
faire peur à l'opinion."
        L'intersyndicale doit se réunir dans la soirée pour
faire le point sur la mobilisation, qui avait atteint plus d'un
million de manifestants à travers la France selon les autorités
et plus de deux millions selon les syndicats lors des deux
précédentes journées d'action, les 19 et 31 janvier.
  
        "La prochaine étape, c'est clairement samedi prochain
avec une mobilisation qu'on souhaite populaire, massive,
festive", a dit le secrétaire général de la CFDT, Laurent
Berger, lui aussi présent à la manifestation parisienne. A ses
yeux, "c'est une folie démocratique de rester sourd" à cette
contestation.
  
        TAUX DE GRÉVISTES EN BAISSE
  
    Dans les transports, le trafic était "fortement perturbé" à
la RATP et à la SNCF avec un taux de grévistes néanmoins en
baisse par rapport à la précédente journée de mobilisation.
Selon le syndicat Sud-Rail, le taux de cheminots grévistes était
à la mi-journée de 25% (36,5% le 31 janvier), avec un pic à 57%
chez les conducteurs de train.
        Chez EDF, le taux de grévistes s'élevait à la mi-journée
à 30,3% de l'effectif global, contre 40,3% lors de la journée de
mobilisation du 31 janvier. Chez Engie, ce taux était de 24,6%
chez les employés de la branche industries électriques et
gazières (IEG), contre 40% le 19 janvier et de 34,3% le 31.
        Dans l'enseignement, la mobilisation était moindre aussi
alors qu'une partie du pays est en vacances d'hiver. Selon les
chiffres publiés à la mi-journée par le ministère de l'Education
nationale, le taux de grévistes s'élevait en moyenne à 12,87%
contre 23,52% la semaine dernière.
  
        Dans la fonction publique d'État, le ministère
dénombrait 11,4% de grévistes à la mi-journée, contre 19,4% le
31 janvier, et 28% le 19. 
  
        Du côté des raffineries, Force Ouvrière a avancé des
chiffres de 75% à 80% de grévistes à Flandres-Dunkerque, Feyzin
et Donges, où l'expédition de produits pétroliers est d'après le
syndicat interrompue pour 48 heures.
  
        TotalEnergies  TTEF.PA  a de son côté annoncé un chiffre
de 56% de grévistes et confirmé que les expéditions au départ de
ses sites en France étaient 
    interrompues au moins ce mardi
    . 
  
        BATAILLE À L'ASSEMBLÉE NATIONALE
  
        Outre la mobilisation dans la rue, la bataille contre la
réforme de retraites se joue aussi à l'Assemblée nationale où
l'examen du projet de loi de financement rectificative de la
Sécurité sociale qui la porte a commencé lundi dans un climat
houleux face à l'opposition de l'ensemble des partis de gauche
et du Rassemblement national.     
    L'issue des débats sur cette réforme impopulaire - 70% des
Français y sont opposés selon les sondages - est incertaine
alors que le camp présidentiel, qui n'a pas la majorité absolue
au Palais-Bourbon, compte sur le soutien des Républicains (LR). 
    "Nous savions avant même le début de la concertation que sur
la question de l'âge de départ, il n'y aurait pas d'accord avec
les organisations syndicales. Est-ce que ça signifie que nous ne
devons pas le faire ? La réponse est si !", a affirmé mardi le
ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui porte le texte dont
l'un des mesures-phares est le report de 62 à 64 ans de l'âge
légal de départ à la retraite.  
        "Il faut le faire parce que le système est déficitaire,
structurellement: 12,5 milliards en 2027, presque 15 en 2030,
notre responsabilité vis-à-vis des générations futures, c'est de
préserver le système pour leur transmettre un vrai principe de
solidarité", a-t-il ajouté lors des questions d'actualité à
l'Assemblée nationale. 
  
        L'entourage de la Première ministre Elisabeth Borne, qui
a rencontré mardi matin les élus de la majorité, reconnaissait
qu'il était "toujours compliqué d'avoir une adhésion sur une
réforme des retraites", qui demande "des efforts" aux Français. 
  
        Alors que le débat à l'Assemblée doit durer jusqu'à la
fin de la semaine prochaine, le président du groupe LR, Olivier
Marleix, a déclaré qu'une "majorité" de son camp, qui compte 62
députés, était prête à voter la réforme.
  
 (Reportage d'Elizabeth Pineau, avec Tangi Salaün, Bertrand
Boucey, Benjamin Mallet et Dominique Vidalon, édité par Kate
Entringer et Blandine Hénault)