France: Pas assez d'efforts structurels dans le budget 2025, dit la Cour des comptes
information fournie par Reuters 13/02/2025 à 12:37

La Cour des Comptes, à Paris

La loi de finances pour 2025 ne présente que peu d'efforts structurels de réduction des dépenses publiques alors même qu'il est "crucial" de redresser les finances de la France, a prévenu jeudi la Cour des comptes.

Après les deux "années perdues" de la consolidation budgétaire - 2023 et 2024 -, la loi de finances pour 2025 récemment adoptée prévoit une réduction du déficit public de 6% du produit intérieur brut (PIB) en 2024 à 5,4% en 2025, rappelle l'institution.

Pour autant, cet effort repose "exclusivement" sur des hausses de prélèvements plutôt que sur des efforts d'économie, ce alors que la hausse des dépenses publiques a été l'un des principaux facteurs de l'envolée du déficit en 2024, rappelle la Cour des comptes dans un rapport consacré à la situation des finances publiques début 2025.

Le rythme de progression du cœur de la dépense publique apparaît ainsi proche de son rythme d'avant-crise sanitaire, le ratio de dépense publique sur PIB étant attendu en 2025 à 56,9 points, un plus haut depuis 2022.

"De surcroît, près de la moitié des hausses de prélèvements inscrites en loi de finances pour 2025 est présentée comme temporaire, ce qui reporte sur les années suivantes l'effort structurel de redressement des finances publiques", s'inquiète la Cour des comptes.

"En dépit de ses faiblesses, il est crucial de respecter cette trajectoire sous peine de voir la France durablement décrocher de ses partenaires européens", ajoute l'institution.

De fait, le dérapage des finances publiques depuis 2023 "place la France au pied du mur", selon la Cour des comptes. L'effort d'ajustement nécessaire pour faire reculer le déficit sous 3% du PIB d'ici 2029, comme prévu dans le plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) français, est passé de 50 milliards d'euros à 110 milliards d'euros au cours des deux dernières années selon les calculs de l'institution.

L'enjeu est d'autant plus crucial que tout effort non réalisé se traduirait par une charge d'intérêt plus élevée, à mesure que le stock de dette de la France est renouvelé à des taux plus élevés.

Si seulement la moitié des 110 milliards d'euros d'efforts d'ajustement est effectuée, les intérêts versés sur la dette deviendraient ainsi le premier poste de dépense de l'État, à 112 milliards d'euros par an ou 3,4 points de PIB.

Or, la Cour des comptes n'apparaît pas optimiste sur la réalisation des objectifs du PSMT, fixés par le gouvernement: la dégradation de la conjoncture se poursuit et pourrait rendre compliquée l'atteinte de ces objectifs à court terme, d'abord.

Ensuite, "cette trajectoire de finances publiques suppose des ajustements très importants, qui n’ont jamais été accomplis avec une pareille constance dans le passé", souligne la Cour.

En dépit de ces efforts "considérables", l'institution déplore enfin l'ambition restreinte du PSMT puisque la France serait le dernier État membre de la zone euro dont le déficit repasserait sous les 3%.

"Les erreurs passées ne peuvent plus se reproduire et le report incessant des efforts de redressement des comptes publics n’est simplement plus envisageable", conclut la Cour.

"Nous partageons de nombreux constats formulés par la Cour et souscrivons à l’essentiel des observations formulées concernant 2024, notamment lorsqu’il s’agit de souligner la nécessité de redresser la situation de nos finances publiques, par une maîtrise accrue de la dépense", a commenté jeudi le ministère des Finances.

"La loi de finances initiale pour 2025 et la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 constitueront, une fois promulguées, un premier jalon essentiel de redressement de nos comptes publics", ajoute-t-il.

(Rédigé par Corentin Chappron, avec la contribution de Leigh Thomas, édité par Blandine Hénault)