France-Les syndicats essaient de maintenir Lecornu sous pression
information fournie par Reuters 02/10/2025 à 17:14

Le Premier ministre français Lecornu rencontre des dirigeants syndicaux à Paris

Les syndicats organisent ce jeudi une nouvelle journée de mobilisation en France pour tenter de peser sur les choix budgétaires du gouvernement que s'apprête à former Sébastien Lecornu et contester par avance toute continuité dans la politique économique et fiscale appliquée sous Emmanuel Macron.

Les huit organisations regroupées en intersyndicale s'attendent toutefois à une participation moindre que lors de la précédente journée de grèves et de manifestations du 18 septembre, qui avait réuni entre 500.000 et un million de personnes selon les sources.

À la mi-journée, le ministère de l'Intérieur disait avoir recensé 85.000 manifestants sur le territoire national, sans compter le cortège parisien qui s'est élancé peu après 14h.

"En un mois, il y a eu trois journées de grèves et de manifestations qui ont rassemblé un cumul de centaines de milliers de manifestantes et de manifestants, a déclaré Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, peu avant le début de la manifestation qui s'est élancée de la place d'Italie, dans le 13e arrondissement de Paris.

"C'est la première rentrée syndicale où il y a ce niveau de mobilisation", a-t-elle ajouté.

Pour son homologue de la CFDT, Marylise Léon, "la colère est là, elle ne date pas d'octobre. Depuis la réforme des retraites, il y a un gros ressentiment du monde du travail vis à vis des responsables politiques avec des mesures profondément injustes et des situations qui se dégradent".

"J'attends de voir la copie initiale, ce qui sera dans le budget, le PLFSS [Projet de loi de financement de la sécurité sociale, Ndlr], pour avoir confirmation que ce qui est annoncé (par le Premier ministre) répond à vraiment à des situations concrètes", a-t-elle ajouté.

"Quand les gens manifestent, ils font grève et donc ils perdent une journée de salaire", a déclaré de son côté Olivier Faure, premier secrétaire du PS avant de départ de la manifestation.

"C’est logique que la mobilisation faiblisse, mais ça ne veut pas dire que si elle baisse dans la rue, elle baisse dans la tête et dans les coeurs", a-t-il ajouté, alors que son parti se faisait huer par des manifestants.

Reçus à Matignon après la précédente journée de mobilisation, les syndicats estiment ne pas avoir obtenu de réponses satisfaisantes à leurs revendications de la part du nouveau Premier ministre, nommé le 9 septembre après la chute de François Bayrou, renversé par les députés en raison de ses projets d'économies massives dans le budget pour l'an prochain.

"Sébastien Lecornu est entrain de devenir le Premier ministre des copier-coller. Toutes ces mesures c'est la reprise de mesures qui existent déjà ou qui ont déjà existé", a dit Sophie Binet.

Le Premier ministre multiplie depuis sa nomination les consultations avec les partenaires sociaux et les formations politiques avant de former un gouvernement et de dévoiler complètement son jeu.

Les premières cartes qu'il a sorties n'ont toutefois pas seulement déçu les syndicats mais aussi les partis de gauche, qui agitent la menace d'une censure immédiate.

Sébastien Lecornu doit une nouvelle fois recevoir successivement vendredi à Matignon des représentants du Rassemblement national, du Parti socialiste, des Ecologistes et du Parti communiste.

"Je ne comprends toujours pas ce qu'il a à nous dire pour qu'on ne le censure pas", a déclaré jeudi Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, sur franceinfo. "Le problème aujourd'hui, ce n'est pas l'Assemblée nationale, c'est Sébastien Lecornu qui n'a rien à faire là et avec qui nous allons aller nous expliquer un peu sévèrement vendredi matin, parce qu'il ne fait pas ce qu'il dit et qu'il ne va pas tenir très longtemps."

Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a prévenu dès le début de la semaine : le rendez-vous de vendredi est déjà celui de la dernière chance pour le nouveau Premier ministre.

(Rédigé par Bertrand Boucey et Kate Entringer, avec la Rédaction de Paris, édité par Augustin Turpin)