On aurait pu penser que les couples profiteraient des confinements et couvre-feux pour faire des bébés. Pourtant, la natalité française est en baisse.
France, la natalité en chute - iStock-damircudic
Baby-boom ou baby-krach ?
Le taux de natalité en France a baissé de 13 % en janvier 2021 par rapport à l’année précédente. En décembre 2020, il y a eu 7 % de naissances en moins par rapport à décembre 2019. « Neuf mois après le début de la pandémie de Covid-19, les naissances ont fortement baissé en France. La crise sanitaire datant de mars 2020, son impact éventuel sur les naissances ne pouvait s’observer qu’à partir de la fin de l’année. Or en décembre 2020, il y a eu 7 % de nouveau-nés en moins qu’en décembre 2019. La baisse s’est poursuivie de façon bien plus prononcée en janvier 2021, avec 13 % de naissances de moins qu’en janvier 2020 » explique ainsi l’Insee. L’institut annonce une estimation plus précise pour la fin du mois de mars car tous les bulletins de naissance n’ont pas encore été transmis. Mais cette nouvelle estimation « ne remettra pas en cause l’ampleur des évolutions observées en ce début d’année 2021 ».
Une baisse « spectaculaire »
Pour retrouver une telle baisse des naissances, il faut aller en 1975 à la suite du baby-boom. « Les naissances en septembre et octobre 1975 avaient en effet diminué de 14 % par rapport aux mêmes mois en 1974, et celles d’août et novembre de 10 %. » Les baisses enregistrées en décembre 2020 et janvier 2021 sont d’autant plus spectaculaires qu’elles ont lieu sur un temps limité. Et cette baisse de la natalité pourrait s’accentuer dans les mois à venir - même si on ne peut pas encore parler de « baby-krach » - puisque la crise est toujours d’actualité et que l’économie n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant COVID-19.
Un problème pour le futur ?
Cette forte baisse de la natalité en France pourrait avoir des conséquences problématiques dans les années à venir. Didier Breton, professeur de démographie à l’université de Strasbourg, explique ainsi qu’il n’y a rien de plus compliqué à « gérer que les “classes creuses“. Elles constituent un casse-tête pour l’ouverture de places de crèche ou [la] fermeture de classes ». Une baisse de la natalité pourrait aussi poser problème pour le financement des retraites. Aujourd’hui, il y a trois actifs pour un retraité alors que les experts misent sur 1,8 actif seulement pour un retraité en 2050. Et cela pourrait même être moins. Enfin, moins de naissances, ce sont aussi moins de consommateurs et un impact évident sur l’économie nationale.
Optimisme ou pessimisme ?
Tous les experts ne se montrent pas pessimistes face à ces nombres et pensent que, sans renoncer à leur envie de devenir parents, beaucoup de personnes préfèrent simplement reporter leur projet et attendre la fin de la crise. D’autres estiment que le mouvement « no kids » (pas d’enfants) pourrait connaître un succès croissant. Beaucoup de couples se demandent en effet si c’est une bonne idée de faire des enfants dans un monde qui rime avec pandémie, terrorisme ou encore réchauffement climatique.