France-La justice examine la demande de mise en liberté de Sarkozy
information fournie par Reuters 10/11/2025 à 06:47

PHOTO DE DOSSIER : L'ancien président français Sarkozy entre en prison pour y purger une peine de cinq ans

par Juliette Jabkhiro

PARIS (Reuters) -La justice va examiner lundi la demande de mise en liberté de Nicolas Sarkozy avant son procès en appel, environ trois semaines après l'incarcération de l'ancien président français, condamné dans l'affaire dite du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Nicolas Sarkozy, âgé de 70 ans, a été condamné fin septembre à cinq ans d'emprisonnement, déclaré coupable d'association de malfaiteurs pour avoir tenté, par l'intermédiaire de ses proches collaborateurs, d'obtenir des fonds auprès de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi afin de financer la campagne qui lui a permis de diriger la France de 2007 à 2012.

Il a ensuite été incarcéré le 21 octobre dans la prison parisienne de la Santé, devenant le premier ancien locataire de l'Elysée à être placé en détention depuis Philippe Pétain, emprisonné après la Deuxième Guerre mondiale pour avoir collaboré avec l'occupant allemand.

La Cour d'appel de Paris pourrait se prononcer dès ce lundi sur sa demande de mise en liberté.

La peine de prison de Nicolas Sarkozy a été assortie d'un mandat de dépôt en raison de "faits d'une gravité exceptionnelle de nature à altérer la confiance dans les institutions mêmes de la République", a indiqué la présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, lors de l'annonce du jugement.

L'ancien chef de l'Etat a cependant été relaxé des accusations de recel de détournement de fonds publics, de corruption passive et d'infractions au code électoral.

Nicolas Sarkozy a toujours plaidé la thèse du "complot" et a fait appel de sa condamnation, se disant victime de vengeance et de haine. La date de son procès en appel n'a pas encore été fixée.

Il ne sera pas présent physiquement à l'audience de lundi devant la Cour d'appel de Paris, prévue à partir de 9h30, mais ses avocats le représenteront.

L'un d'entre eux, Christophe Ingrain, a déclaré à Reuters que Nicolas Sarkozy ne remplissait aucune des conditions légales imposant une "détention provisoire" et qu'il avait toujours respecté la procédure judiciaire.

Ces conditions incluent l'objectif de mettre fin à l'infraction ou de prévenir son renouvellement, ainsi que celui de maintenir la personne mise en examen à la disposition de la justice.

Si le tribunal accède à sa demande de mise en liberté anticipée, Nicolas Sarkozy pourrait être contraint de porter un bracelet électronique dans le cadre d'un contrôle judiciaire.

Nicolas Sarkozy avait déjà été condamné en 2023 dans une affaire distincte de corruption dite des "écoutes", une condamnation confirmée par la Cour de cassation en décembre dernier. Reconnu coupable de corruption active sur magistrat et trafic d'influence active sur personne dépositaire de l'autorité publique, il avait été condamné à un an d'emprisonnement ferme sous bracelet électronique.

Il a également été condamné en appel en 2024 pour financement illégal de campagne électorale de 2012. Un arrêt définitif de la Cour de cassation dans cet affaire est attendu courant novembre.

(Reportage Juliette Jabkhiro, version française Benjamin Mallet)