France: au procès en appel des viols de Mazan, Gisèle Pelicot face à un dernier accusé
information fournie par AFP 06/10/2025 à 04:30

Un croquis de Gisèle Pelicot lors de l'audience qui a condamné son ex-mari à la peine maximale de 20 ans de prison, le 19 décembre 2024, à Avignon ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

Un an après le procès en France des viols de Mazan, qui a retenti dans le monde entier, Gisèle Pelicot est à nouveau confrontée à partir de lundi à un de ses agresseurs présumés, le seul à avoir maintenu son appel contre sa condamnation.

Cette mère de famille avait été violée pendant une dizaine d'années chez elle par des dizaines d'inconnus à l'instigation de son mari, qui la droguait préalablement.

Cinquante accusés avaient comparu en première instance lors d'un procès fleuve où de lourdes peines avaient été prononcées. La décision de Gisèle Pelicot de témoigner à visage découvert avait fait d'elle une icône féministe à travers le monde.

Condamné en première instance à 9 ans de prison, l'accusé ayant maintenu son appel, Husamettin Dogan, un ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans qui comparaît libre, encourt à nouveau 20 ans de réclusion.

La pression sur lui sera forte car, à l'inverse du premier procès où les 50 accusés avaient défilé à la barre pendant quatre mois, il concentrera sur lui seul l'intérêt médiatique. Plus de 100 journalistes du monde entier sont à nouveau accrédités pour ce procès.

Des mobilisations féministes sont annoncées tout au long de la semaine aux abords du palais de justice de Nîmes (sud), où les audiences sont programmées jusqu'à jeudi au plus tard.

L'accusé devra s'exprimer pour dire s'il reconnaît ou non les faits qui lui sont reprochés, à savoir des "viols aggravés" sur Mme Pelicot, la nuit du 28 juin 2019 au domicile du couple à Mazan (Vaucluse).

Il "maintient qu'il n'a jamais eu l'intention de violer qui que ce soit", a indiqué un de ses avocats, Jean-Marc Darrigade, précisant qu'il pensait participer à une soirée libertine consentie et s'est fait "piéger" par l'époux, Dominique Pelicot, dont la victime a divorcé depuis.

Reconnu comme étant le "chef d'orchestre" des viols, Dominique Pelicot a été condamné à 20 ans de prison. Après avoir été au centre du premier procès, il comparaîtra en tant que témoin mardi après-midi.

- "Pas de petit viol" -

Une prise de parole de Gisèle Pelicot, restée discrète depuis le verdict de décembre dernier, est également très attendue.

Elle "aurait vraiment préféré se concentrer sur sa nouvelle vie et sur son avenir. Mais elle doit en passer par là parce que c'est la condition pour vraiment tourner la page. Donc elle y va et elle est combative", assure à l'AFP l'un de ses avocats, Antoine Camus.

A la différence de la première audience, on sera cette fois, comme c'est le plus fréquent, dans "une configuration où une victime seule fait face à son son violeur seul", relève-t-il.

Gisèle Pelicot, 72 ans, a été érigée en icône féministe il y a un an pour avoir clamé que "la honte doit changer de camp", refusant que le procès en première instance se déroule à huis clos. Un geste éminemment politique "pour que toutes les femmes victimes de viol se disent +Madame Pelicot l'a fait, on peut le faire+", selon Me Camus.

L'accusé sera confronté de nouveau aux vidéos des faits, filmés et méticuleusement archivés par Dominique Pelicot, sur lesquelles on le voit notamment pénétrer à plusieurs reprises la victime, endormie et ronflant.

Pour Gisèle Pelicot, qui sera soutenue durant le procès par son fils Florian, "il n'y a pas de petit viol", insiste Me Camus. "Elle a besoin que la justice lui dise +Madame, tous les viols que l'on a vus sur les vidéos, oui, ce sont bien des viols+".