France: après un été caniculaire, un appel à sortir de la "cécité collective"
information fournie par AFP 02/09/2025 à 17:39

L'été 2025, marqué par deux épisodes de canicule, a été le troisième plus chaud enregistré en France depuis le début des mesures par Météo-France en 1900 ( AFP / Martin LELIEVRE )

Après un été caniculaire en France, le troisième plus chaud depuis le début des mesures, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a sonné mardi l’"urgence climatique" et appelé à sortir de la "cécité collective".

"Le premier des périls n'est pas forcément celui auquel pensent les uns et les autres. C'est celui de notre urgence climatique et écologique", a déclaré la ministre lors d'une conférence de presse pour présenter le bilan météorologique de l'été (juin-août).

"Nous savons tous que l'été que nous venons de vivre constitue à bien des égards un basculement", a-t-elle souligné.

Alors que la chute du gouvernement de François Bayrou semble probable à l'issue du vote des députés le 8 septembre sollicité par le Premier ministre, Agnès Pannier-Runacher a profité de l'occasion pour passer un message politique et attaquer, sans les nommer, les positions de Donald Trump ou du Rassemblement national en France.

Elle a ainsi fustigé le "court-termisme dans lequel voudraient nous emmener certaines figures politiques majeures, en France comme à l'étranger".

L'été 2025 a connu une température moyenne de 22,2°C, soit une anomalie de +1,9°C. Il se classe derrière les étés 2003 (+2,7°C) et 2022 (+2,3°C), selon les données de Météo-France.

D'autres pays - le Japon, la Corée du Sud ou le Royaume-Uni - ont pour leur part connu cet été des chaleurs record, symptômes d'un réchauffement climatique particulièrement rapide sur les continents européen et asiatique.

Pour la France, c'est "la quatrième année consécutive que nous avons un été très chaud", a remarqué la PDG de Météo-France, Virginie Schwarz.

"Tous les mois ont été au-dessus des normales, mais il y a eu un mois de juin qui a été particulièrement chaud: 3,3 degrés au dessus des normales", a-t-elle souligné.

- "Un avant-goût de l'après" -

Avec deux épisodes caniculaires en juin et août, qui ont fait suffoquer les Français et perturbé certaines activités économique, le pays a connu 27 jours correspondant aux conditions d'une vague de chaleur. L'été 2025 se classe ainsi au deuxième rang pour le nombre de jours de vague de chaleur, après l'été 2022.

Ces phénomènes s'inscrivent dans la tendance du changement climatique, causé essentiellement par l'utilisation massive des énergies fossiles, qui rend les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses.

L’été 2025 a aussi été peu pluvieux (-15%), en particulier sur la moitié sud où le déficit atteint parfois 50%. Les sols sont restés plus secs que la normale tout au long de l’été malgré quelques répits temporaires, note Météo-France.

La sécheresse et les conditions météo ont amplifié les risques d'incendies, qui ont ravagé une partie du territoire. Le pays a notamment subi un gigantesque incendie, le pire depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, qui a parcouru 16.000 hectares dans l'Aude du 5 au 10 août, détruisant 36 habitations et tuant une personne.

"C'est un avant-goût de l'après, un avant-goût malheureusement, car les vagues de chaleur seront plus fréquentes et plus intenses dans les années à venir", a insisté Agnès Pannier-Runacher.

"Nous voulons échapper à la réalité du dérèglement climatique devenu désormais une urgence climatique" mais "cette réaction de cécité collective n'est pas tenable", a-t-elle jugé.