Kenya : des foules immenses rendent hommage à l'opposant Odinga dans l'Ouest information fournie par AFP 18/10/2025 à 18:18
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi dans l'ouest du Kenya pour saluer la dépouille du héros local, l'opposant historique Raila Odinga, une cérémonie mieux sécurisée après deux journées de ferveur à Nairobi où cinq de ses partisans ont péri.
La mort de cette figure considérée comme un combattant pour la démocratie, qui a passé huit ans en détention sous le régime autocratique de Daniel arap Moi (1978-2002) et joué un rôle-clef dans la Constitution de 2010, est vécue comme un traumatisme par les habitants de la région de Kisumu, où il est né.
Des dizaines de milliers de ses partisans ont afflué depuis le petit matin vers le stade Jomo Kenyatta de Kisumu, grande ville grande ville bâtie sur les bords du lac Victoria, où un hélicoptère a déposé le cercueil vers 8H45 (5H45 GMT), suscitant de vives émotions - et quelques remous.
Une porte de l'enceinte sportive a d'abord été forcée, permettant à de nombreuses personnes de s'engouffrer dans les lieux, et de nombreuses personnes se sont amassées initialement contre les grilles entourant la pelouse, faisant craindre une répétition des débordements de Nairobi.
D'impressionnantes bousculades ont également eu lieu près du cercueil, tandis que des journalistes ont vu de nombreuses personnes s'évanouir et être évacuées.
Mais la cérémonie de Kisumu s'est au final déroulée de manière plus ordonnée que les célébrations dans la capitale, les autorités ayant par sécurité renoncé à une procession du cercueil à travers la ville déjà en effervescence la veille.
Selon une source médicale, 74 personnes ont été soignées au stade. Certaines étaient "très déshydratées. Ils ont fait la fête toute la nuit, sans eau" a-t-elle indiqué, d'autres ont été blessées lors de bousculades.
Sept ont été hospitalisées - deux pour des coups de couteau à l'extérieur du stade, quatre en raison de problèmes respiratoires, selon cette source.
De longues files d'attente ont pendant des heures zigzagué sur la pelouse jusqu'à un chapiteau où la dépouille de Raila Odinga était exposée, jusqu'à son départ vers 15H00 (12H00 GMT) pour le comté voisin de Siaya, fief de l'opposant, où elle sera inhumée dimanche.
"Tellement de gens sont venus car nous aimons tellement +Baba+", ou "père", le surnom donné affectueusement à Raila Odinga, a déclaré Rosa Aweti, 50 ans, qui après avoir vu la dépouille s'est effondrée au sol. "Je me sens très mal", a-t-elle soufflé à l'AFP.
- Remous -
Raila Odinga est mort mercredi en Inde, à l'âge de 80 ans, d'une probable crise cardiaque. Son cercueil est arrivé jeudi au Kenya, et a donné beaucoup de fil à retordre aux autorités.
Ses fidèles ont jeudi bloqué plusieurs heures le principal aéroport de la capitale, paralysé la circulation sur la plus grande artère de Nairobi, avant de remplir en un temps record le stade de Kasarani, le principal de la ville, où la dépouille devait être exposée une première fois au public.
Les forces de sécurité, dépassées, ont alors tiré à de multiples reprises, provoquant la fuite de dizaines de milliers de personnes de l'enceinte sportive en quelques minutes, dans un chaos absolu. Trois personnes sont mortes, selon VOCAL Africa, une organisation de défense des droits humains.
Vendredi, les funérailles d'Etat accordées à M. Odinga ont démarré plus calmement dans le plus petit stade de Nyayo. Mais après le passage des officiels, des milliers de personnes ont voulu se recueillir en même temps devant la dépouille.
L'AFP a vu des spectateurs à se jeter en bas de gradins, tandis que d'autres étaient piétinés.
- "Orphelins" -
Quelque 163 personnes ont été traitées sur place, dont 34 ont été transportées dans des centres de soins, selon Médecins sans frontières, qui a fait état de "deux vies perdues dans la bousculade".
Candidat malheureux à cinq présidentielles, dont celle de 2022, il est surtout révéré par son groupe ethnique, les Luos, l'un des plus importants du Kenya.
"Sans +Baba+, nous sommes morts. Nous n'avons nulle part où aller", a commenté un jeune homme de vingt ans se présentant comme "Don Pelido".
"Nous sommes totalement orphelins".