Fiscalité des grandes fortunes : la défense parmi les priorités de financement
information fournie par Boursorama avec Media Services 15/10/2025 à 13:10

Le Premier ministre Sébastien Lecornu à l'Assemblée nationale, le 14 octobre 2025. ( AFP / THOMAS SAMSON )

La création d'une "contribution exceptionnelle des grandes fortunes" évoqué ce mardi par Sébastien Lecornu, pourrait concerner des domaines comme les infrastructures, l'écologie ou la défense.

"La fiscalité des très grandes fortunes, parmi nos compatriotes, a pu interpeller un certain nombre d’entre vous (...) Il faut reconnaître qu’il peut y avoir des anomalies", a observé Sébastien Lecornu dans sa déclaration de politique générale devant les députés.

"Encadrer l’optimisation fiscale - en particulier celle qui passe par les holdings - est une première réponse", a-t-il ajouté, alors que le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 présenté mardi 14 octobre comprend une telle mesure.

"Nous demanderons à créer une contribution exceptionnelle des grandes fortunes que nous proposons d’affecter au financement des investissements du futur qui touchent à notre souveraineté, pour les infrastructures, la transition écologique ou la défense", a-t-il ajouté dans son discours. "Là encore le débat parlementaire aura lieu. J'ai ouvert (ce) débat. Sans tabou", a-t-il indiqué.

"Nous avons aujourd'hui dans notre pays des personnes qui utilisent la fiscalité des entreprises pour en fait porter du patrimoine personnel", a ensuite expliqué devant la Commission des Finances de l'Assemblée nationale la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

"Quand on a une holding qui réinvestit dans l'économie, nous ne voulons pas augmenter les impôts. Mais quand au sein d'une holding, vous avez des chalets, des biens privés, de l'immobilier, des actions, de la trésorerie qui ne sont pas les investissements 'productifs', qui sont là seulement pour générer du patrimoine personnel, nous voulons mettre fin à ces pratiques", a poursuivi la ministre.

"Pas de dispositif complémentaire prévu"

La manière dont le Premier ministre a évoqué la "contribution exceptionnelle des grandes fortunes" dans son discours pouvait sembler venir en plus des mesures contenues dans le projet de loi de finances (PLF) présenté en conseil des ministres ce mardi, qui comprend cette taxe sur le patrimoine financier des holdings familiales et une prolongation de la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) instaurée en 2025, le tout pour un total prévu de 2,5 milliards d'euros en 2026 .

Le PLF prolonge aussi la surtaxe exceptionnelle d'impôt sur les sociétés inaugurée l'an dernier, pour 440 entreprises réalisant plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires. En 2026 cependant, le rendement sera divisé par deux, à 4 milliards d'euros.

Bercy a indiqué la veille qu'il n'y avait "pas de dispositif complémentaire prévu"au-delà de ces 6,5 milliards d'euros du "paquet d'équité fiscale" mentionné dans le PLF .

Fin septembre, Sébastien Lecornu avait écarté, dans une interview au Parisien , l'idée d'un retour de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et celle de l'instauration d'une taxe Zucman.

Celle-ci, du nom de l'économiste Gabriel Zucman, consisterait à faire payer aux 1.800 contribuables ayant au moins 100 millions d'euros de patrimoine une taxe annuelle visant à s'assurer qu'ils acquittent 2% minimum de leur patrimoine, y compris professionnel, en impôts.

Le Premier ministre, comme il l'a répété ce mardi, n'est pas "favorable à ce que le patrimoine professionnel soit touché".