Fébrilité aux États-Unis après une fonte de la confiance des consommateurs
information fournie par Boursorama avec AFP 26/02/2025 à 08:51

( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / SPENCER PLATT )

Aux États-Unis, les consommateurs, carburants de la première puissance mondiale, commencent à s'inquiéter de voir leur horizon s'assombrir devant la frénésie d'initiatives du nouveau gouvernement.

Deux indicateurs évaluant la confiance des consommateurs ont fait l'effet de premiers coups de semonce, en s'enfonçant brusquement depuis le début du second mandat de Donald Trump.

Le premier, de l'université du Michigan, a reculé de 10% sur un mois en février.

Le second, publié mardi par l'association professionnelle Conference Board, a perdu sept points en un mois, à 98,3, au plus bas depuis juin 2024.

A chaque fois, les analystes anticipaient un bien moindre recul.

Les publications montrent notamment que les consommateurs redoutent de voir les prix rebondir à cause du relèvement par le nouvel exécutif des taxes sur les importations.

Dans l'indice publié mardi, la quasi-totalité des paramètres évalués (appréhension du marché du travail actuel et à venir, perspectives économiques et revenus futurs) ont reculé.

Surtout, les sondés s'attendent à subir une forte accélération de l'inflation dans l'année.

"Cela reflète plusieurs choses: une inflation persistante, le bond récent du prix de certains produits de grande consommation comme les œufs, mais aussi l'impact attendu des droits de douane", relève une économiste du Conference Board, Stephanie Guichard, citée dans le communiqué.

Dans les réponses des sondés, elle observe "une forte hausse des mentions du commerce et des droits de douane, à un niveau qui n'avait pas été vu depuis 2019", sous le premier mandat de Donald Trump.

"Les remarques sur le gouvernement actuel et ses politiques ont été très présentes", ajoute-t-elle.

- "Chaos à Washington" -

La chute de l'indice est "spectaculaire et logique, vu l'imminence de nouveaux droits de douane, du risque induit sur l'inflation, mais aussi de l'inquiétude accrue quant à la sécurité de l'emploi suscitée par les licenciements dans l'administration fédérale", commente l'économiste Robert Frick, de Navy Federal Credit Union.

Il ne pense toutefois pas que cette confiance égratignée se traduira mécaniquement par un repli des achats "tant que les revenus continuent de progresser".

A l'inverse, la crainte de voir les prix augmenter à cause des droits de douane pourrait même se traduire à court terme "par une demande accrue" pour profiter des tarifs actuels, estime dans une note Jeffrey Roach, économiste pour LPL Financial.

"Le consommateur est le moteur principal de l'économie américaine. Si la confiance s'affaisse et que les dépenses baissent, la croissance du PIB va ralentir", anticipent les économistes de HFE dans une note.

"A nos risques et périls, nous considérons que le chaos à Washington a quelque chose à voir avec ça", écrivent-ils.

Selon eux, le fait que la confiance des consommateurs ait commencé à décliner juste après l'élection de Donald Trump "pourrait ne pas être une coïncidence".

La nouvelle n'a logiquement pas enchanté les investisseurs mardi: repli des cours du pétrole, de l'indice Nasdaq et de l'indice élargi S&P 500.

Le marché des obligations d'Etat a joué son rôle de refuge: le rendement des bons du Trésor américain s'est franchement détendu, à 4,30% contre 4,40% lundi en clôture.

Plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux baisse.

"Le marché obligataire s'attend désormais davantage à ce que les politiques de Trump ralentissent l'économie, au lieu de la stimuler", a observé auprès de l'AFP Karl Haeling, de LBBW.

Les acteurs de la finance avaient aussi été alertés la semaine dernière par les prévisions de croissance du géant de la distribution Walmart, volontairement "prudentes" selon le groupe compte tenu d'une "certaine imprévisibilité".

Cela a été interprété par les analystes comme un signe que la chaîne s'attend à voir les consommateurs américains freiner leurs dépenses.