Face à l'inflation, le Japon annonce un plan de relance économique massif mais "responsable" information fournie par AFP 21/11/2025 à 09:47
La Première ministre japonaise Sanae Takaichi a assuré que le plan de relance de 117 milliards d'euros approuvé vendredi face à une inflation tenace était "responsable" sur le plan budgétaire, affirmant qu'elle entendait réduire la dette colossale du pays.
Avec ces mesures chiffrées à 21.300 milliards de yens, le gouvernement entend relancer la croissance de la quatrième économie mondiale dans un contexte d'exaspération des Japonais face à la flambée des prix.
L'inflation a de nouveau accéléré dans le pays en octobre selon des chiffres publiés vendredi matin, à 3% en excluant les produits frais, contre 2,9% en septembre.
La hausse des prix à la consommation dans l'archipel dépasse ainsi l'objectif de la Banque du Japon (2%) pour le 43e mois consécutif, une série inédite depuis 1992, et pourrait inciter l'institution à relever ses taux en décembre.
Le plan massif du gouvernement devrait cependant alourdir encore la dette pharaonique de l'archipel, qui devrait atteindre 232,7% du PIB en 2025 selon le Fonds monétaire international (FMI).
Les inquiétudes concernant la santé financière du Japon ont fait grimper les rendements des obligations d'État à des niveaux record cette semaine.
"Une politique budgétaire proactive et responsable signifie une stratégie tournée vers l'avenir, qui ne vise pas à rechercher l'ampleur de manière irréfléchie ou excessive", a déclaré Mme Takaichi.
"En appliquant rigoureusement le principe de dépenses judicieuses, nous déploierons de manière stratégique des mesures budgétaires pour protéger la vie de nos concitoyens et bâtir une économie forte", a-t-elle ajouté.
"En favorisant une économie solide et en augmentant le taux de croissance, nous réduirons le ratio dette/PIB, atteindrons la viabilité budgétaire et garantirons la confiance des marchés", a-t-elle encore promis.
Dans les mesures prévues par Mme Takaichi figure une aide exceptionnelle de 20.000 yens (110 euros) par enfant et une subvention de 7.000 yens par foyer sur les factures d'énergie.
"La vie est dure pour les gens ordinaires en ce moment", a déclaré vendredi à l'AFP Kazuo Kaitsuka, 75 ans, employé dans les services financiers, près de la Bourse de Tokyo.
"Je m'inquiète des conséquences que (l'ampleur du plan de relance) pourrait avoir pour les générations futures", a-t-il ajouté.
- Menace d'intervention sur le yen -
"Le Japon mène des politiques économiques expansionnistes depuis tellement longtemps sans parvenir à stimuler l'économie", a estimé Margarita Estevez-Abe, analyste à la Maxwell School de l'université de Syracuse.
Le produit intérieur brut de l'archipel a connu une légère contraction de 0,4% au troisième trimestre, selon des chiffres publiés en début de semaine.
Ces inquiétudes pèsent aussi sur la devise japonaise, qui est tombée à son plus bas niveau face au dollar depuis janvier.
"Une nouvelle dépréciation du yen frappera les ménages japonais ordinaires avec des prix plus élevés", note Mme Estevez-Abe.
La ministre des Finances, Satsuki Katayama, a laissé entendre vendredi plus clairement que jamais que le gouvernement pourrait intervenir pour soutenir sa devise, disant que le Japon prendrait "des mesures appropriées contre les mouvements (de change) désordonnés", selon des médias.
La dernière intervention du Japon pour soutenir le yen remonte à juillet 2024.
L'économie japonaise est également sous la menace du durcissement des tensions de l'archipel avec Pékin, après des propos de Mme Takaichi laissant entendre que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l'envoi de troupes japonaises pour défendre l'île - dont la Chine revendique la souveraineté.
Pékin a convoqué l'ambassadeur nippon et conseillé à ses citoyens d'éviter de se rendre dans l'archipel, où les Chinois représentent la plus grande source de touristes étrangers.
Des médias ont aussi rapporté cette semaine que la Chine allait suspendre ses importations de fruits de mer japonais, ce qui n'a cependant pas été confirmé officiellement.
Vendredi, Mme Takaichi a déclaré que la position de Tokyo sur Taïwan restait "inchangée" et qu'elle souhaitait des relations "constructives et stables" avec Pékin.
Les "propos erronés tenus par (...) Mme Takaichi au sujet de Taïwan" ont "suscité l’indignation et la condamnation du peuple chinois", a réagi vendredi une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Le Japon doit "retirer immédiatement ses propos erronés et démontrer sincèrement ses engagements envers la Chine par des actions concrètes", a-t-elle ajouté.