Evelyne Richard, ombre des voyages présidentiels, quitte l'Elysée information fournie par Reuters 27/10/2017 à 11:11
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - C'était le 8 mai dernier, au pied de l'Arc de Triomphe à Paris : à l'orée de son départ de l'Elysée, François Hollande présente à Emmanuel Macron une dame blonde en manteau chic qui, un peu surprise, serre la main que lui tend le nouveau président.
En quatre décennies à l'Elysée, où elle a connu sept chefs d'Etat, la septuagénaire Evelyne Richard a rarement été dans la lumière mais elle restera inoubliable pour tous ceux qui ont, un jour, participé à un voyage présidentiel.
En lui remettant la Légion d'honneur en 2014, François Hollande avait salué en elle un "monument" de la présidence de la République, qu'elle quittera pour prendre sa retraite à la fin du mois d'octobre, après 48 ans de bons et loyaux services.
Voyage du couple Giscard d'Estaing chez le Shah d'Iran en 1976, sommet du G7 d'Evian en 2003 sous l'ère Jacques Chirac, visite de François Hollande à Berlin le jour de son investiture en mai 2012, première Assemblée générale de l'Onu d'Emmanuel Macron à New York le mois dernier : l'infatigable Evelyne Richard a été de toutes les aventures.
Depuis son arrivée dans les bagages de l'Elysée sous Georges Pompidou, l'ancienne étudiante en droit a visité 135 pays et côtoyé les services protocolaires de toute la planète.
Dans son bureau situé au rez-de-chaussée de l'aile orientale du palais, un mur de photographies la présente aux côtés des dirigeants du monde entier, témoins de son action au service de sept chefs d'Etat français : Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron.
VOIX DE TÊTE
Responsable de l'organisation au cordeau de périples présidentiels de plus en plus rapides et surchargés au fil des ans, elle a veillé à tout, de la visite préparatoire à la conférence de presse finale en passant par les transports éclairs entre les sites, où elle avait le don de faire ouvrir toutes les portes.
Sa voix de tête, son autorité parfois cassante, gage d'efficacité, son élégance à la française et son sens de l'organisation ont fait d'elle une cheville ouvrière incontournable de l'Elysée, quel que soit le bord politique de son locataire.
"C'est quelqu'un qui a un tel professionnalisme, une telle qualité humaine, un tel amour du service public que personne n'a eu cette idée, qui aurait été étrange, de la changer", déclarait récemment Nicolas Sarkozy au micro de BFM TV.
Au début du premier septennat de François Mitterrand, en 1981, l'Elysée avait pourtant tenté de l'écarter. Avant de changer bien vite d'avis à la demande des journalistes pour qui elle s'était rendue indispensable.
Malgré moult sollicitations pour conter les coulisses des tribulations présidentielles, Evelyne Richard a toujours refusé de s'épancher.
"Pour vivre heureux, vivons cachés" est sa formule habituelle pour éconduire les curieux friands d'anecdotes au plus haut niveau de l'Etat.
Une loyale discrétion qui a sans doute contribué à la longévité d'Evelyne Richard, dont le départ signe sans aucun doute la fin d'une époque au "château".
L'Elysée lui rendra hommage début décembre et l'Association de la presse présidentielle fera de même, au nom des journalistes que cette singulière personnalité a parfois rudoyés mais, surtout, beaucoup aidés.
(Edité par Yves Clarisse)