États-Unis: Powell ouvre la porte à des baisses de taux mais ne s'engage pas
information fournie par Reuters 22/08/2025 à 16:55

Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, donne une conférence de presse à Washington

Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a évoqué vendredi une possible baisse des taux lors de la réunion de la banque centrale de septembre, mais n'a pas pris d'engagement ferme, reconnaissant les risques croissants pour le marché du travail tout en affirmant que la possibilité d'une inflation plus élevée persistait.

"Si le marché du travail semble équilibré, il s'agit d'un équilibre curieux résultant d'un ralentissement marqué de l'offre et de la demande de travailleurs. Cette situation inhabituelle suggère que les risques de baisse de l'emploi augmentent. Et si ces risques se matérialisent, ils peuvent le faire rapidement", a déclaré Jerome Powell lors du symposium économique annuel de Jackson Hole, dans le Wyoming.

"La stabilité du taux de chômage et d'autres indicateurs du marché du travail nous permet d'avancer avec prudence dans notre réflexion sur les modifications à apporter à notre orientation politique. Néanmoins, compte tenu du caractère restrictif de la politique monétaire, les perspectives de base et l'évolution de l'équilibre des risques pourraient justifier un ajustement de notre orientation politique", a affirmé Jerome Powell.

Même si les droits de douane devraient entraîner une hausse des prix, le scénario de base prévoit que leur incidence sur l'inflation s'estompera, a-t-il également souligné.

Après le discours du président de la Fed, les rendements américains baissent. Le Treasuries à dix ans perd 7,0 points de base à 4,2615% et le deux ans recule de 9,4 points de base à 3,6985%.

Le dollar est dans le rouge aussi et abandonne 0,69% face à un panier de devises de référence.

En revanche, les indices américains augmentent leurs gains, le Dow Jones progressant de 1,48%, le Standard & Poor's 500 de 1,28% et le Nasdaq Composite de 1,49%.

Les commentaires de Powell ouvrent la voie à une baisse des taux lors de la réunion de la Fed les 16 et 17 septembre, mais accordent également une grande importance aux rapports sur l'emploi et l'inflation qui seront publiés d'ici là.

PEU D'INDICATIONS

Les déclarations de Jerome Powell n'ont donné que peu d'indications sur la date à laquelle les taux pourraient continuer à baisser ni sur la rapidité de cette baisse, ce qui devrait alimenter les pressions du président Donald Trump, qui affirme qu'il n'y a aucun risque d'inflation et que la Fed devrait réduire ses taux immédiatement.

Donald Trump a fait pression sur la Fed en demandant la démission de Jerome Powell, puis, cette semaine, celle de la gouverneure de la Fed Lisa Cook.

Le président de la Fed a reçu une ovation au début de son discours, conclusion de huit années qui ont commencé et se sont terminées par des critiques cinglantes de la part du président américain Donald Trump. Ce dernier l'avait promu à la présidence lors de son premier mandat, mais le président américain s'est rapidement montré déçu de son refus de mener une politique monétaire accommodante.

L'administration Trump est à la fois à la recherche d'un remplaçant pour Jerome Powell et fait pression sur d'autres membres du Conseil des gouverneurs pour qu'ils démissionnent, dans l'espoir de nommer une majorité des sept membres de cet organe.

Outre son point sur la situation économique, Powell a publié un nouveau cadre stratégique de la Fed qui souligne que son objectif de plein emploi dépendra de la stabilité des prix.

"Nous continuons de croire que la politique monétaire doit être prospective et tenir compte des décalages dans ses effets sur l'économie et que la Fed doit trouver un équilibre entre les risques liés à ses mandats en matière d'emploi et d'inflation", a déclaré Jerome Powell.

Selon lui, fixer des objectifs chiffrés pour des éléments tels que le niveau idéal d'emploi est "imprudent".

La Fed a maintenu son taux directeur inchangé dans la fourchette actuelle de 4,25% à 4,50% depuis décembre, alors que les responsables commencent à s'inquiéter de l'impact que les politiques de la nouvelle administration pourraient avoir sur l'inflation, qui reste supérieure à l'objectif de 2% de la banque centrale et devrait augmenter à mesure que les nouveaux droits de douane se répercuteront sur les prix à la consommation.

(Reportage Howard Schneider ; Mara Vîlcu pour la version française, édité par Augustin Turpin et Kate Entringer)