Equateur: état d'urgence face aux blocages routiers information fournie par AFP 16/09/2025 à 23:41
Le président d'Équateur Daniel Noboa a décrété mardi l'état d'urgence dans sept des 24 provinces du pays où des manifestants bloquent des routes pour protester contre la suppression des subventions sur le diesel.
Les anciens présidents Lenin Moreno (2017-2021) et Guillermo Lasso (2021-2023) n'avaient pu mettre en place cette mesure qui avait déclenché en leur temps déjà de violents mouvements de protestation menés par la principale organisation indigène du pays, la Conaie.
Entre 1997 et 2005, la Conaie avait déjà participé à des révoltes qui avaient abouti à la chute de trois présidents.
Avec la signature d'un décret vendredi, le prix du diesel est passé de 1,80 à 2,80 dollars par gallon (3,8 litres).
Lundi, des conducteurs de camions ont bloqué plusieurs routes, dégagées quelques heures plus tard après l'intervention de la police. Aucun blessé n'a jusqu'ici été signalé.
Mardi, la circulation sur la route Panaméricaine Nord, à l'entrée de Quito, a été bloquée par des pierres et des monticules de terre.
Le président Noboa a donc décidé de "déclarer l'état d'urgence dans les provinces de Carchi, Imbabura, Pichincha, Azuay, Bolivar, Cotopaxi et Santo Domingo, en raison de graves perturbations internes", selon le décret signé mardi pour une durée de 60 jours.
Le gouvernement fait valoir que ces blocages "ont provoqué des complications dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire" et affectent la "libre circulation des personnes, entraînant la paralysie de plusieurs secteurs touchant l'économie".
Cette mesure suspend la liberté de réunion dans les sept provinces et autorise les forces de police et militaires à "empêcher et démanteler les rassemblements dans les espaces publics où des menaces à la sécurité citoyenne sont identifiées".
Marlon Vargas, président de la Conaie, a exigé mardi l'abrogation du décret qui supprime la subvention au diesel, car "cela nuit aux secteurs appauvris, au peuple équatorien".
L'état d'urgence n'a pas empêché une manifestation d'ampleur prévue de longue date à Cuenca, capitale de l'État d'Azuay (sud), contre un projet minier porté par la société canadienne Dundee Precious Metals.
Au cri de "Noboa et les mines, même saleté !", les manifestants, entre 80.000 et 100.000 personnes selon le maire Cristian Zamora, entendent défendre le paramo (plaine des montagnes andines) de Quimsacocha qui approvisionne Cuenca en eau.
"Il n'y a jamais eu autant de monde dans la rue. Tout le monde a compris (...) que si nous polluons l'eau, nous n'aurons rien à boire", a déclaré à l'AFP Hernan Bravo, un retraité de 73 ans.
Cuenca "a envoyé un message au monde entier sur la manière dont nous devons préserver la nature, car un jour viendra où le gramme d'or et le baril de pétrole coûteront moins cher qu'un litre d'eau", a affirmé le maire.