Energie : en plein regain de forme, le parc nucléaire français va produire plus que prévu
information fournie par Boursorama avec Media Services 11/12/2024 à 14:48

La situation est "plus agréable" que les hivers précédents, s'est réjoui le patron d'EDF.

La centrale du Bugey, en 2011 (illustration) ( AFP / JEAN-PIERRE CLATOT )

Après deux années difficiles, les centrales françaises ont retrouvé leur puissance. EDF a de nouveau révisé à la hausse mercredi 11 décembre son estimation de production nucléaire pour l'année 2024 en France, la faisant passer d'une fourchette de 340-360 TWh à 358-364 TWh, sans compter l'EPR de Flamanville, qui doit être raccordé prochainement au réseau.

En attendant Flamanville

"Cette révision s'appuie sur la très bonne performance de la production du parc nucléaire grâce notamment à l'optimisation des arrêts de tranche, ainsi qu'à la maîtrise industrielle des contrôles et des chantiers de réparations liés à la corrosion sous contrainte", explique l'énergéticien dans un communiqué. EDF avait déjà rehaussé ses prévisions en septembre, de 315-345 TWh à 340-360 TWh.

Le raccordement au réseau de l'EPR de Flamanville est toujours prévu d'ici "la fin de l'automne 2024", a précisé EDF. Il permettra aux foyers français de bénéficier de l'énergie du réacteur le plus puissant (1.600 MW), le 57e du parc, selon le groupe.

Niveau "pas loin de l'optimum"

Son PDG, Luc Rémont, s'est félicité mardi, lors d'un colloque de l'Union Française de l'Electricité, d'une situation "plus agréable ce mois de décembre que les mois de décembre des deux années précédentes".

La production nucléaire a notamment été affectée ces dernières années par un phénomène de corrosion sur certains réacteurs, mis à l'arrêt en conséquence. En 2022 la production nucléaire d'EDF avait chuté à 279 TWh, son plus bas niveau depuis 30 ans, ce qui avait contraint la France à importer de l'électricité, une première depuis 42 ans. En 2023, la production avait augmenté de 15% par rapport à celle de 2022, grimpant à 320,4 TWh.

"Avec un niveau de production qui est remonté pas loin de l'optimum, même s'il nous reste encore un peu de travail à faire, ça permet effectivement de se reposer les bonnes questions sur notre transition énergétique et sur comment la réussir", a ajouté Luc Rémont mardi 10 décembre.

Avertissement de l'AIE sur les prix de l'énergie

Cette bonne nouvelle au niveau national tranche avec l'alerte continentale lancée par le patron de l'Agence internationale de l'Energie, qui a indiqué que l'industrie en Europe, en perte de compétitivité, est pénalisée par des prix de l'énergie beaucoup plus élevés qu'ailleurs, a alerté le patron de l'Agence internationale de l'Energie.

"Le prix du gaz naturel en Europe est cinq fois plus élevé que celui des États-Unis et le prix de l'électricité en Europe est trois fois plus élevé qu'en Chine", a déclaré le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, au colloque de l'Union française de l'électricité (UFE).

"Comment les fabricants européens, en particulier ceux pour lesquels le coût de l'énergie représente une part importante de leur coût global, peuvent rivaliser avec les autres pays?", a-t-il poursuivi.

"L'industrie européenne, ou plus précisément l'industrie manufacturière, entre dans une période décisive qui pourrait avoir des conséquences importantes pour l'économie européenne, le poids de l'Europe dans les affaires étrangères et la sécurité de l'Europe", a souligné le Dr Birol. En matière de "technologies propres" (panneaux solaires, éolien, batteries, électrolyseurs), "l'Europe est nettement en retard par rapport à de nombreuses autres puissances économiques telles que la Chine, les États-Unis et, dans certains cas, même l'Inde et d'autres pays", a expliqué le patron de l'Agence de l'énergie de l'OCDE en évoquant aussi la difficulté pour l'UE d'avoir "une stratégie claire".