En Turquie, le pape Léon dénonce les violences religieuses information fournie par Reuters 28/11/2025 à 15:00
par Joshua McElwee
Le pape Léon XIV a condamné vendredi les violences commises au nom de la religion lors d'un événement historique avec des responsables chrétiens du Moyen-Orient, les exhortant à surmonter des divisions séculaires, à l'occasion de son premier déplacement à l'étranger comme chef de l'Église catholique.
Lors de la célébration du 1.700e anniversaire du concile de Nicée, en présence de hauts dignitaires chrétiens venus notamment de Turquie, d'Égypte, de Syrie et d'Israël, Léon XIV a jugé déplorable que les 2,6 milliards de chrétiens dans le monde ne soient pas davantage unis.
"Aujourd'hui, l'humanité entière, affligée par la violence et les conflits, crie son besoin de réconciliation", a déclaré le pape lors d'une cérémonie à Iznik, anciennement Nicée, où les premiers théologiens ont rédigé un credo encore utilisé par la majorité des chrétiens.
"Nous devons rejeter fermement l'usage de la religion pour justifier la guerre, la violence ou toute forme de fondamentalisme ou de fanatisme", a ajouté Léon XIV, premier pape américain. "Les chemins à suivre sont ceux de la rencontre fraternelle, du dialogue et de la coopération."
La cérémonie, au cours de laquelle les responsables religieux ont prié en anglais, grec et arabe et allumé des cierges près des ruines submergées d'une basilique du IVe siècle, constitue le point central de la visite de quatre jours de Léon XIV en Turquie, pays majoritairement musulman.
Léon XIV, relativement inconnu sur la scène internationale avant son élection en mai, est scruté de près alors qu'il prononce ses premiers discours hors d'Italie et rencontre pour la première fois des fidèles à l'étranger.
LES ORTHODOXES RUSSES MANQUENT A L'APPEL
Les chrétiens sont restés largement unis durant le premier millénaire, avant de se diviser avec le schisme de 1054 entre communautés orthodoxes et catholiques. D'autres fractures ont suivi, notamment la Réforme protestante, qui a entraîné des guerres sanglantes en Europe.
Léon XIV a affirmé aux dignitaires présents que si les chrétiens parvenaient à se réconcilier, cela offrirait "un message de paix et de fraternité universelle qui transcende les frontières de nos communautés et de nos nations".
Le patriarche oecuménique Bartholomée, chef spirituel des 260 millions de chrétiens orthodoxes, assistait à la cérémonie à Iznik, à 140 km au sud-est d'Istanbul.
La propagation du conflit ukrainien aux chapelles orthodoxes s'est manifestée vendredi avec l'absence remarquée de tout représentant du Patriarcat de Moscou qui manifeste régulièrement sa proximité idéologique avec le président russe Vladimir Poutine et qui a acté en 2018 sa rupture avec Bartholomée.
Voyager à l'étranger est devenu une composante majeure du pontificat moderne, les papes attirant l'attention internationale par des rassemblements massifs, des discours de politique étrangère et des démarches diplomatiques.
Arrivé jeudi en Turquie, Léon XIV a déploré dans son premier discours hors d'Italie le nombre inhabituel de conflits sanglants dans le monde. Lors d'une rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, il a souligné qu'une troisième guerre mondiale se déroulait "par morceaux", mettant en péril l'avenir de l'humanité.
Bien que la Turquie ne compte qu'environ 33.000 catholiques sur une population de 85 millions d'âmes, selon le Vatican, elle fut jadis un foyer florissant du christianisme, terre de saints majeurs tels que les apôtres Philippe, Paul et Jean.
Léon XIV a rencontré vendredi matin la petite communauté catholique d'Istanbul, où il a exhorté les fidèles à se concentrer sur l'aide aux migrants en Turquie, qui accueille près de 4 millions d'étrangers, dont environ 2,4 millions de Syriens, ainsi que des migrants venus d'Afghanistan, d'Iran et d'Irak.
Dans les pas de son prédécesseur François, Léon XIV a fait de la défense des migrants une priorité de ses six premiers mois de pontificat, critiquant fréquemment les politiques anti-immigration du président américain Donald Trump.
AGENDA CHARGÉ EN TURQUIE ET AU LIBAN
Âgé de 70 ans, Léon XIV a un programme dense pour ce voyage de six jours. En Turquie, il visitera samedi la Mosquée Bleue d'Istanbul, l'ex-cathédrale Sainte-Sophie et célébrera une messe dans une enceinte sportive stambouliote. La paix devrait être le thème central de sa visite au Liban, qui débutera dimanche.
Le Liban, qui compte la plus forte proportion de chrétiens au Moyen-Orient, est secoué par les répercussions du conflit à Gaza, alors qu'Israël et le Hezbollah chiite libanais se sont affrontés, culminant avec une offensive israélienne dévastatrice.
Les dirigeants libanais, qui accueillent 1 million de réfugiés syriens et palestiniens et peinent à se relever d'années de crise économique, redoutent une intensification des frappes israéliennes dans les mois à venir et espèrent que la visite papale attirera l'attention mondiale sur le pays.
(Joshua McElwee; avec Daren Butler version française Nicolas Delame, édité par Sophie Louet)