Avant de voir Poutine, Trump souligne qu'un accord de paix ne se fera qu'avec Zelensky
information fournie par AFP 14/08/2025 à 18:39

Combo des photos de Volodymir Zelensky, Donald Trump et Vladimir Poutine ( UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / Handout )

A la veille de son tête-à-tête en Alaska avec Vladimir Poutine, Donald Trump a souligné jeudi que seul un sommet tripartite incluant aussi Volodymyr Zelensky pourrait sceller un accord de paix en Ukraine, répétant qu'il faudrait "partager" des territoires.

"Cette rencontre va ouvrir la voie à une autre", a assuré le président américain à la radio Fox News.

Il avait déjà affirmé auparavant que ce sommet à Anchorage avait seulement pour vocation de "tâter le terrain" avec la Russie.

Kiev et les Européens redoutent qu'en réalité Donald Trump et Vladimir Poutine n'entreprennent vendredi de redessiner la carte de l'Ukraine sans l'accord du président ukrainien.

"La deuxième rencontre sera très, très importante, car ce sera celle où ils concluront un accord. Et je ne veux pas utiliser le terme +se partager les choses+, mais d'une certaine manière, ce n'est pas un mauvais terme. Il y aura du donnant donnant en ce qui concerne les frontières, les territoires", a aussi dit Donald Trump jeudi.

"Je ne sais pas où aura lieu cette deuxième rencontre", a-t-il ajouté. "On pense à trois lieux différents ainsi qu'à la possibilité, car ce serait de loin la plus facile, de rester en Alaska".

Vladimir Poutine a lui salué jeudi les "efforts assez énergiques et sincères" des Etats-Unis "pour mettre fin aux hostilités, sortir de la crise et parvenir à des accords qui satisfassent toutes les parties impliquées".

"Si d'une manière ou d'une autre le président Trump peut convaincre Poutine d'arrêter la tuerie, nous voudrons y croire. Nous devons (...) espérer que quelque chose de bien va sortir de la rencontre", a confié à l'AFP Zori Opanasevych, une Ukrainienne vivant à Anchorage, dont la famille avait émigré aux Etats-Unis dans les années 1990.

- Conférence de presse commune -

Le président américain a estimé à "25%" le risque d'échec de sa rencontre vendredi avec son homologue russe.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a lui indiqué que la question de "garanties de sécurité" devrait être abordée pour mettre fin au conflit débuté en février 2022 par l'invasion russe de l'Ukraine, le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le président ukrainien n'a pas été invité à ce que le Kremlin a décrit comme un "tête-à-tête" entre Vladimir Poutine et Donald Trump, deux dirigeants qu'unit une relation très particulière, alternant poussées de tension et rapprochements spectaculaires.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer embrasse le président ukrainien Volodymyr Zelensky devant le 10 Downing Street le 14 août 2025 à la veille du sommet Poutine-Trump ( AFP / Ben STANSALL )

Volodymyr Zelensky a été reçu chaleureusement jeudi à Londres par le Premier ministre britannique Keir Starmer.

Les dirigeants européens font bloc autour de lui et tentent de peser sur l'imprévisible Donald Trump.

Sa conversation avec Vladimir Poutine sur la base d'Elmendorf-Richardson se déroulera avec des interprètes, a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

"L'ordre du jour portera principalement sur le règlement de la crise ukrainienne", a ajouté M. Ouchakov, évoquant aussi "la coopération bilatérale".

La réunion doit débuter vendredi vers 19H30 GMT, a précisé le Kremlin.

Les présidents russe et américain donneront ensuite une conférence de presse commune, la première depuis leur apparition commune devant les caméras en 2018 à Helsinki, restée dans les mémoires pour la bonne entente alors manifestée par les deux dirigeants.

- Pression militaire -

Sur le terrain, la pression s'accentue sur les troupes de Kiev, moins nombreuses.

Elles sont confrontées à une avancée rapide de l'armée russe sur le front dans la région orientale de Donetsk, où l'armée russe a revendiqué jeudi la prise de deux nouveaux villages.

L'Ukraine a tiré des dizaines de drones dans la nuit de mercredi à jeudi, incendiant une raffinerie et faisant trois blessés près de la ville russe Volgograd (sud), selon des responsables locaux.

Les positions officielles des deux belligérants sont toujours irréconciliables.

Carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Lougansk, Zaporijia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes russes, selon les données de l'Institute for the Study of War and AEI's Critical Threats Project au 12 août 2025 ( AFP / Guillermo RIVAS PACHECO )

La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'Otan.

Pour Kiev, ces exigences sont inacceptables.

Lors des trois sessions de pourparlers depuis le printemps, dont la dernière s'est tenue à Istanbul en juillet, Russes et Ukrainiens avaient seulement réussi à s'entendre sur l'échange de prisonniers de guerre.

Dans ce cadre, Kiev et Moscou ont annoncé jeudi avoir échangé 84 prisonniers de chaque camp.