En visite d'Etat outre-Manche, Macron invite à "avancer côte à côte" avec le Royaume-Uni
information fournie par Reuters 08/07/2025 à 18:33

Visite du président français Macron en Grande-Bretagne

par Elizabeth Pineau

Emmanuel Macron a placé mardi sa visite d'Etat au Royaume-Uni sous le signe du "destin partagé", cinq ans après le "Brexit" et face aux nouveaux défis que constituent la guerre en Ukraine et le changement de posture des Etats-Unis vis-vis du continent européen.

Cérémonies, symboles et protocole ont marqué cette première journée qui a vu le président français et son épouse Brigitte accueillis à la base aérienne de Northolt par le prince et la princesse de Galles, avant de prendre la direction de Windsor où les attendaient le roi Charles et la reine Camilla.

Les hymnes des deux pays ont retenti au cours d'une cérémonie protocolaire déroulée sous le soleil en présence de soldats des trois armées et de quelque 70 chevaux.

Emmanuel Macron et le roi ont pris place à bord d'une calèche d'où ils ont salué la foule sur le chemin du château de Windsor où un dîner d'Etat est prévu en présence de 150 invités.

Cette visite d'Etat est la première du genre depuis celle de Nicolas Sarkozy en 2008 et la première d'un chef d'Etat européen depuis le Brexit.

Devant les membres du Parlement réunis à Westminster, Emmanuel Macron a invité les deux pays à "avancer main dans la main, côte à côte", évoquant un "destin partagé" marqué et un "avenir commun" malgré la décision du royaume de quitter l'Union européenne, effective depuis 2020.

Il a rappelé l'attachement de la France et du Royaume-Uni au multilatéralisme dans un monde en mutation confronté à des "attaques directes" contre les démocraties.

En tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, "nous devons travailler ensemble à la défense d'un multilatéralisme efficace et protéger l'ordre international tel que nous l'avons forgé après la Seconde guerre mondiale", a dit le chef de l'Etat.

"Nous n'accepterons jamais que l'emporte la loi du plus fort", a-t-il dit à propos de la guerre en Ukraine, appelant par ailleurs à libération des otages israéliens enlevés par le Hamas et à une solution à deux Etats au Proche-Orient.

En matière de lutte contre l'immigration illégale, il a appelé à "la meilleure coopération qui soit" entre les deux pays qui entretiennent par ailleurs des liens commerciaux forts.

Qu'il s'agisse d'échanges, de défense ou de désinformation, le président a appelé à "raffermir nos chaînes de valeurs" et "réduire nos dépendances".

Autant de thèmes d'actualité qui seront abordés par Emmanuel Macron et le Premier ministre Keir Starmer, qui passeront la journée de jeudi ensemble dans le cadre d'un sommet franco-britannique qui verra une demi-douzaine de ministres traverser la Manche pour voir leurs homologues.

L'OMBRE DE TRUMP

Des annonces sont possibles sur le délicat dossier des migrants qui tentent d'entrer illégalement au Royaume-Uni au départ de la région de Calais, dans le nord de la France.

Depuis le début de l'année, plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche soit une hausse de 48% sur un an, un record qui pourrait amener Paris à modifier les règles afin de permettre aux forces de l'ordre d'intercepter les embarcations jusqu'à 300 mètres des côtes - là où le droit international de la mer interdit toute action une fois qu'un bateau est à l'eau.

En marge de la visite présidentielle, l'Elysée a annoncé mardi qu'EDF allait prendre une participation de 12,5% dans le projet de centrale nucléaire de Sizewell C, dans le sud-est de l'Angleterre.

Le conseil d'administration du groupe public français a acté une participation financière d'1,1 milliard de livres (environ 1,5 milliard d'euros) dans ce projet dans lequel le gouvernement britannique prévoit d'investir 14,2 milliards de livres (16,8 milliards d'euros), précise l'Elysée dans un communiqué.

Après une matinée de jeudi passée à Downing Street, Emmanuel Macron et Keir Starmer se rendront sur la base de Northwood, siège du commandement maritime de l'Otan où ils participeront à une session de la "coalition des volontaires pour l'Ukraine" en lien par visioconférence avec le président ukrainien Volodimir Zelensky, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni et le chancelier allemand Friedrich Merz, notamment.

Besoins immédiats de Kyiv, déploiement de forces et perspective de cessez-le-feu seront à l'ordre du jour, une semaine après l'entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et le président russe Vladimir Poutine, qui ne s'étaient pas parlés officiellement depuis 2022.

L'ombre du président américain Donald Trump, annoncé en visite d'Etat au Royaume-Uni en septembre, plane sur la visite d'Emmanuel Macron, à l'heure de la hausse de la part des dépenses européennes dans l'Otan et des ultimes négociations sur les droits de douanes que les Etats-Unis veulent imposer au reste du monde.

(Reportage Elizabeth Pineau, avec Gonzalo Fuentes à Windsor, édité par Kate Entringer)