Elections et désinformation: Macron propose de nouvelles pistes
information fournie par AFP 28/11/2025 à 14:49

Emmanuel Macron lors d'un débat avec des lecteurs des journaux de l'est de la France, appartenant au groupe Ebra, sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes" à Mirecourt le 28 novembre 2025 ( POOL / SEBASTIEN BOZON )

Création d'une action judiciaire d'urgence contre "les fausses informations" sur les réseaux sociaux, "interdiction en période électorale de la publicité rémunérée" sur ces mêmes sites: Emmanuel Macron a avancé vendredi à Mirecourt (Vosges) plusieurs pistes pour lutter contre la désinformation.

Le président de la République a annoncé avoir demandé au gouvernement un travail, à rendre "d'ici la fin de l'année" pour instaurer un "référé" contre les fausses informations ou les informations attentatoires à la dignité d'une personne. Il s'agit d'obtenir qu'elles puissent être bloquées en urgence sur les réseaux sociaux.

Le chef de l'Etat s'exprimait lors d'un débat avec des lecteurs des journaux de l'est de la France, appartenant au groupe Ebra, sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Après Toulouse et Arras, le président a poursuivi sa tournée des titres régionaux pour échanger sur le sujet de la régulation des réseaux sociaux face aux risques qu'ils font peser, selon lui, sur la démocratie.

Interrogé par une lectrice qui s'est dite harcelée sur les réseaux par un collègue qui a continué à diffuser des images d'elle détournées par l'intelligence artificielle malgré une première condamnation, Emmanuel Macron a dit avoir été "personnellement confronté au même genre de choses" et son épouse Brigitte Macron "encore plus".

"Ca prend un temps fou, ça continue, les gens le voient (...) et là on n'a aucun moyen de saisir le juge", a-t-il regretté.

Le couple présidentiel a engagé une longue procédure en diffamation aux Etats-Unis pour faire cesser la diffusion de rumeurs et d'infox sur le genre de naissance de Brigitte Macron.

Avec un système de référé, il devrait être possible de demander au juge de statuer "en 48 heures" et d'"obliger" le harceleur présumé à "fermer" ses publications, a estimé le chef de l'Etat.

- Elections et "guerre informationnelle" -

La période électorale qui s'ouvre avec les scrutins municipaux de mars pose aussi la question des "ingérences étrangères" qui sont une "réalité", a-t-il souligné.

Emmanuel Macron lors d'un débat avec des lecteurs des journaux de l'est de la France, appartenant au groupe Ebra, sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes" à Mirecourt le 28 novembre 2025 ( POOL / SEBASTIEN BOZON )

Les réseaux sociaux sont "structurés pour créer plutôt de la dépendance, de l'excitation" et "gagnent leur argent en repoussant de la publicité individuelle", a-t-il poursuivi.

Mais l'achat "massif" de "pages ou de comptes" peut permettre en période électorale "de pénétrer totalement dans l'espace informationnel". Dans ce cadre, "les trolls jouent un rôle extrêmement important", a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron a insisté sur le rôle doivent jouer les plateformes elles-mêmes. "On doit exiger des réseaux sociaux le fait qu'ils assument, qu'ils garantissent que derrière chaque compte, il y ait une personne réelle", a-t-il dit, précisant que le combat devait être mené "au niveau européen".

Avant les élections, il a mis en avant le rôle de Viginum, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères créé en 2021, mais aussi du Quai d'Orsay.

Emmanuel Macron lors d'un débat avec des lecteurs des journaux de l'est de la France, appartenant au groupe Ebra, sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes" à Mirecourt le 28 novembre 2025 ( POOL / SEBASTIEN BOZON )

Aussi questionné sur l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans, le président de la République a exprimé sa volonté d'étendre l'interdiction du téléphone portable au lycée à partir de la rentrée prochaine.

Les portables sont déjà interdits à l'école primaire ainsi qu'au collège.

"A partir de la rentrée prochaine, on veut faire +plus de portables au lycée+ pour vraiment aller au bout de cette démarche et dire: +c'est pas le lieu où vous devez faire ça, c'est le lieu où vous apprenez et puis c'est le lieu où vous échangez+", a-t-il dit.

"Tout ce qu'on s'est dit ce matin va donner lieu à un agenda de décisions et d'actions", notamment des textes législatifs, a conclu le président après deux heures d'échanges, en appelant à la "vigilance" des lecteurs qui ont participé à ces débats.