EDF: Nouvelle grève suivie contre Hercule mais production peu affectée information fournie par Reuters 10/12/2020 à 13:20
PARIS (Reuters) - Le nouveau mouvement de grève des salariés d'EDF contre le projet de réorganisation du groupe était suivi jeudi mais n'entraînait pas de perturbations majeures en matière de production, selon les données fournies par le groupe et par le gestionnaire des lignes à haute tension RTE.
Selon un décompte communiqué par EDF, le taux de grévistes s'établissait à environ 27% à la mi-journée contre 23% au même moment le 26 novembre, lors de la précédente journée de grève. La CGT évoquait pour sa part un taux de grévistes de 41% de l'effectif présent et de 36% de l'effectif total.
Selon les données compilées par RTE https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere#, le mouvement n'avait dans le même temps qu'un impact limité sur la production d'électricité alors que la précédente grève avait significativement freiné le fonctionnement des centrales nucléaires.
A 12h30, la production hydroélectrique s'élevait ainsi à 13.276 mégawatts (MW) contre 14.460 MW à la même heure mercredi, tandis que la production nucléaire atteignait 45.555 MW contre 46.736 MW la veille.
Le gouvernement finalise actuellement ses discussions avec la Commission européenne sur une réforme de la régulation du nucléaire français - avec potentiellement un volet sur l'hydroélectricité - qui s'accompagnerait d'une réorganisation d'EDF, connue sous le nom d'Hercule, censée améliorer les capacités d'investissement et de financement du groupe.
Les fédérations syndicales CGT, CFE-CGC, CFDT et FO ont annoncé jeudi avoir écrit à des associations d'élus locaux pour les alerter sur "les dangers cachés" du projet en dénonçant un schéma "bâti en catimini, inspiré des banques d'affaires et soutenu par un État actionnaire sans aucune considération industrielle ou d'intérêt général".
"Les risques que ce projet de désintégration d'EDF fait peser sur ses missions d'opérateur public, celles d'un service public essentiel, l'électricité, dont certaines relèvent pourtant de la libre administration des collectivités locales garanties par la Constitution de notre République, appellent (...) la mobilisation de tous les élus locaux du pays contre ce projet", ont-ils estimé dans un communiqué.
Hercule prévoit notamment une séparation entre le parc nucléaire existant d'EDF et une grande partie de ses activités liées aux énergies renouvelables, ainsi qu'une ouverture du capital de ces dernières, ce qui constituerait selon les syndicats un premier pas vers un démantèlement et une privatisation.
Les discussions entre Paris et Bruxelles portent entre autres sur une refonte du mécanisme de fixation du prix de l'électricité nucléaire (Arenh) visant à garantir la couverture des coûts d'EDF tout en préservant les consommateurs de hausses de prix trop importantes.
Des médias ont rapporté ces dernières semaines que le gouvernement pourrait introduire la réorganisation d'EDF dans le projet de loi de la Convention citoyenne pour le climat, qui doit être dévoilé prochainement, ou avoir recours aux ordonnances pour lancer la mise en oeuvre du projet.
(Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)