Ecart de retraites hommes-femmes : ce que dit l'OCDE du cas français information fournie par Boursorama avec Media Services 27/11/2025 à 15:20
L'institution dresse un "Panorama des pensions" à travers le monde, qui pointe notamment les spécificités du modèle français.
L'écart entre les retraites perçues par les hommes et les femmes en France reste supérieur à la moyenne de l'OCDE, selon le "Panorama des pensions 2025" publié jeudi 27 novembre par l'institution.
Dans toute l'OCDE, les femmes perçoivent des pensions "en moyenne nettement plus faibles que les hommes", avec un écart moyen de 23%, qui monte à 27% en France, indique le rapport. Parmi les pays les plus égalitaires (écarts inférieurs à 10%), figurent la République tchèque, l'Estonie, l'Islande, la Slovaquie et la Slovénie. A l'inverse, les plus inégalitaires sont l'Autriche, le Mexique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni (écarts moyens de plus de 35%), avec un record pour le Japon à 47%.
L'écart hommes-femmes en France présente toutefois des caractéristiques spécifiques. D'une manière générale, dans tous les pays de l'OCDE, les écarts de retraites entre hommes et femmes sont liés aux différences de revenus tout au long de la vie, en raison principalement des maternités. Les femmes ont des salaires horaires plus faibles (car sur-représentées dans les métiers les moins rémunérés et les maternités pèsent sur leur progression de carrière...), font davantage de temps partiel et ont une durée de carrière inférieure.
Paradoxalement, sur ces trois tableaux, la France fait plutôt un peu mieux que la moyenne de l'OCDE, notamment parce que la retraite des mères y "est bien protégée", souligne l'Organisation. La France fait notamment partie, avec l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, des neuf pays qui "accordent des crédits ou majoration de pension pour le seul fait d'avoir eu des enfants, qu'il y ait eu interruption de carrière ou pas".
La persistance d'une inégalité plus importante en France pourrait s'expliquer par la structure même de son système de retraite: "L'importance spécifique accordée à la durée de cotisation", qui amène les femmes à avoir plus souvent une décote, et moins souvent une surcote, est un facteur explicatif, selon l'OCDE.
Quels effets de la réforme Borne?
Un autre facteur tient à la retraite complémentaire (Agirc-Arrco). Parce qu'elle octroie des droits à pension jusqu'à des niveaux de rémunération très élevés, elle permet aux salariés les mieux payés de cotiser beaucoup pendant leur carrière et ensuite de bénéficier d'une pension élevée, et pendant longtemps, puisque leur espérance de vie est généralement grande. Or ce sont plus souvent des hommes.
Cette situation n'existe pas dans beaucoup d'autres pays, où les droits à pension sont plafonnés plus strictement. Au delà des écarts de retraite hommes-femmes, l'OCDE relève que "avec la réforme (Borne) de 2023, l'âge minimum légal (64 ans, ndlr) devrait évoluer en ligne avec la moyenne OCDE, qui va augmenter de 62,5 ans en 2024 à 63,9 ans pour les personnes commençant leur carrière maintenant". Le rapport adresse par ailleurs un satisfecit à la France pour la manière "spectaculaire" dont elle a fait progresser le taux d'emploi des 60-64 ans depuis 2000 (42% pour les femmes comme pour les hommes en France). Mais il reste encore "très en deçà de la moyenne européenne OCDE de 49% pour les femmes et 64% pour les hommes", note l'organisation.