Droits de douane-La Russie, Cuba et la Corée du Nord échappent au pire information fournie par Reuters 03/04/2025 à 14:59
par Guy Faulconbridge
La Russie, la Biélorussie, Cuba ou la Corée du Nord, parmi les Etats les plus sanctionnés au monde, ont été épargnés par la litanie de droits de douane décidés par le président américain Donald Trump.
Avec l'annonce mercredi de surtaxes d'au moins 10% sur toutes les importations aux Etats-Unis, le président américain a intensifié sa guerre commerciale avec la Chine.
La seconde puissance mondiale, et principal importateur de bien aux Etats-Unis, est désormais frappée de droits de douane de 54%.
"Face à une guerre économique incessante, les Etats-Unis ne peuvent plus poursuivre une politique économique unilatérale de reddition", a déclaré Donald Trump lors de l'annonce des surtaxes.
Face aux réactions courroucées des partenaires commerciaux de Washington, la Maison blanche a publié une liste de commentaires positifs formulés par des personnes soutenant les droits de douane.
L'administration Trump affirme que les produits et consommateurs américains ont été pénalisés par des années de réglementations commerciales allant à l'encontre des Etats-Unis.
Plusieurs Etats jugés comme ennemis de Washington - la Russie, Cuba, la Biélorussie et la Corée du Nord - ne figurent toutefois pas sur la liste des nombreux pays visés par les droits de douane américains.
Pourtant, les services de renseignement américains ont désigné dans leur rapport annuel ces pays comme les plus menaçants pour les Etats-Unis tandis que Donald Trump a menacé Moscou de droits de douane supplémentaires.
Interrogé sur l'absence de Moscou dans la liste, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a déclaré à Fox News que Washington n'avait pas de lien commercial avec la Russie comme la Biélorussie et que les deux pays étaient visés par des sanctions.
Les échanges de biens entre Moscou et Washington se sont élevés à 3,5 milliards de dollars l'an dernier, selon les chiffres américains. En 2021, l'année précédant l'invasion russe en Ukraine, ce montant était de 36 milliards.
FUTUR INCERTAIN
La porte-parole de la Maison blanche Karoline Leavitt a, elle, justifié l'absence de la Russie auprès d'Axios en avançant qu'aucun échange substantiel n'avait été effectué avec Moscou alors que Cuba, la Biélorussie et la Corée du Nord avaient été exclus de la liste car les droits de douane et les sanctions à leur encontre étaient déjà trop élevés.
La Russie, qui est sous le coup de quelque 28.000 sanctions occidentales, a classifié les données sur ses échanges commerciaux depuis le début de la guerre.
Le montant des importations russes s'est élevé en 2024 à 3 milliards de dollars, en baisse de 34,2% par rapport à 2023, selon le Bureau représentant américain au Commerce.
Pour la Russie, le plus gros risque est un potentiel ralentissement de la demande globale consécutive à la mise en place des droits de douane, ce qui pourrait impacter les prix du pétrole.
La banque centrale russe a alerté plus tôt cette année sur la capacité des Etats-Unis et des pays de l'OPEP à inonder le marché du pétrole et recréer la baisse prolongée des prix des carburants qui avait contribué dans les années 1980 à la chute de l'Union soviétique.
Le président Trump a fait part dimanche à NBC News de sa colère contre le président russe Vladimir Poutine après ses critiques sur la crédibilité du président ukrainien Volodimir Zelensky, menaçant d'imposer de nouveaux droits de douane de 25 à 50% sur les pays acquéreurs de pétrole russe.
(Reportage de Guy Faulconbridge à Moscou et de Christian Lowe à Kiev; version française Zhifan Liu, édité par Sophie Louet)