Drapeaux palestiniens sur les mairies : les politiques s'affrontent, Faure en appelle à Macron information fournie par AFP 21/09/2025 à 22:22
La classe politique française s'est encore fracturée dimanche sur le pavoisement ou non des mairies avec des drapeaux palestiniens, le dirigeant socialiste Olivier Faure appelant Emmanuel Macron à "autoriser" l'initiative.
"Il s'agirait non seulement d'un acte fort envers tous ceux qui sont attachés à la résolution du conflit israélo-palestinien, mais cohérent avec la position de la France que vous proclamerez devant la communauté internationale", a plaidé dans une lettre le patron du PS, à la veille de la reconnaissance attendue de l'Etat palestinien par Emmanuel Macron à l'Onu à New York.
Interrogé, l'entourage d'Emmanuel Macron n'a pas souhaité faire de commentaires à ce stade.
Dans le viseur d'Olivier Faure: le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau (LR) qui a enjoint les préfets de saisir la justice administrative si des mairies font flotter les couleurs palestiniennes, à défaut de pouvoir demander aux forces de l'ordre de retirer le drapeau.
Il fait valoir que "la justice administrative a ordonné (...) le retrait de drapeaux palestiniens du fronton de mairies, au motif qu'ils portaient gravement atteinte au principe de neutralité des services publics". Et d'exhorter à "ne pas importer le conflit du Proche-Orient".
"Ce n'est pas le drapeau qu'il conteste (...) c'est la décision prise par le chef de l'État" de reconnaître un Etat palestinien, a estimé dimanche soir sur BFMTV M. Faure.
Un maire a "l'interdiction (...) d'afficher un parti pris politique, philosophique ou religieux" sur le fronton de son hôtel de ville, affirme-t-on à Beauvau.
Pour le patron des députés PS, Boris Vallaud, Bruno Retailleau "se trompe d'interprétation juridique". Il rappelle qu'après les attaques meurtrières du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, "des mairies ont hissé à juste raison le drapeau israélien", et "qu'il y a aussi des drapeaux ukrainiens" sur certains édifices.
"Un drapeau sur le fronton d'une mairie n'a jamais tué personne alors qu'à l'inverse, à Gaza, l'armée israélienne tue tous les jours", a martelé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier dimanche lors d'un rassemblement à Paris, dénonçant des polémiques "indécentes".
A gauche toujours, le député LFI Eric Coquerel a aussi apporté son soutien à ce pavoisement aux couleurs palestiniennes : "On est pour", a-t-il dit sur France 3.
- Les drapeaux sur l'écran de la tour Eiffel -
A contrario, le député d'extrême droite de l'Oise Philippe Ballard (RN) a accusé sur France 3 les municipalités ayant prévu d'arborer le drapeau palestinien de "communautarisme de bas étage".
"C'est illégal", a sobrement commenté son collègue député Jean-Philippe Tanguy sur le plateau de Questions politiques (France inter/francetv/Le Monde).
François-Xavier Bellamy, vice-président des Républicains a aussi demandé dimanche sur BFMTV que les maires qui hissent le drapeau palestinien "soient condamnés".
Samedi en région parisienne, la maire communiste de Malakoff (Hauts-de-Seine) Jacqueline Belhomme a fait savoir qu'elle ne comptait ni interjeter appel ni retirer le drapeau avant mardi, malgré une décision de justice contraire.
Les mairies devraient agir en ordre dispersé, y compris les socialistes.
A Paris, la tour Eiffel a affiché sur son écran au premier étage les drapeaux palestinien et israélien, encadrant un colombe. "Paris soutient" la reconnaissance de l'Etat palestinien et "réaffirme son engagement pour la paix", a commenté la maire Anne Hidalgo (PS), sur le réseau social Bluesky.
A Créteil, le socialiste Laurent Cathala (Val-de-Marne) estime que "la première de ses responsabilités doit être de préserver la cohésion sociale au sein de la commune", et ne suivra pas l'appel d'Olivier Faure.
Son homologue PS Mathieu Hanotin (Saint-Denis) hissera le drapeau pour la journée, arguant qu'il "ne s'agit pas d'un acte militant de longue durée". Et Olivier Faure se rendra sur place à 9H30.
A Nantes, la maire Johanna Roland (PS) "installera le drapeau de la Palestine dans la Cour de l'Hôtel de Ville", a-t-elle fait savoir dans un communiqué, et à Brest, la mairie illuminera le bâtiment aux couleurs palestiniennes.
Quant à Renaud Muselier, président du parti macroniste Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, il a prévenu dans le Figaro qu'il déploierait une vingtaine de drapeaux français, en réponse à ce qu'il qualifie de "calculs politiques".