Dordogne: le papetier Condat (200 salariés) demande son placement en redressement
information fournie par Boursorama avec AFP 20/10/2025 à 19:33

L'usine Condat au Lardin-Saint-Lazare (Dordogne) ( AFP / PASCAL LACHENAUD )

Le fabricant de papier Condat, filiale du groupe espagnol Lecta qui emploie environ 200 personnes en Dordogne, a annoncé lundi qu'il demandait son placement en redressement judiciaire pour geler ses dettes, le temps de trouver un repreneur.

"Une banque d'affaires spécialisée dans le secteur de la papeterie a été mandatée et a déjà reçu des marques d'intérêt. Aujourd'hui, la priorité est de se mettre dans la meilleure configuration financière et juridique possible afin de concrétiser les offres de reprise" et sauver "un maximum d'emplois", a expliqué la direction de l'usine dans un communiqué.

Une audience est programmée mercredi après-midi (14H30) au tribunal de commerce de Bordeaux.

Selon une source proche du dossier, "neuf marques d'intérêts" dont trois "sérieuses" ont été reçues et la procédure de redressement judiciaire, si elle est validée, doit permettre de garantir les salaires et de "gagner du temps" pour "identifier les offres de reprise" et négocier.

La recherche d'un repreneur avait été annoncée aux syndicats lors d'une réunion extraordinaire du comité social et économique, lundi dernier, par le nouveau président de Condat, Dominique Bernard, un spécialiste des restructurations nommé courant octobre.

"Il y a une semaine de ça on était à vendre, une semaine plus tard on est en redressement judiciaire (...) La vitesse de tout ça m'inquiète un petit peu", a réagi auprès de l'AFP Philippe Delord, délégué CGT, qui espère que la procédure sera "un mal pour un bien".

"Peut-être que le fait que la dette soit gelée peut permettre de retrouver plus facilement un repreneur", a-t-il ajouté, disant néanmoins s'attendre à ce qu'il y ait "forcément de la casse sociale" si un candidat reprend l'usine.

De son côté, la CGT a proposé la création d'une société coopérative d'intérêt collectif (Scic), à défaut de repreneur. Pour fonctionner, cette structure, susceptible d'accueillir notamment des financements publics, devrait lever 3 millions d'euros sur quatre ans et investir environ 3 millions supplémentaires dans la machinerie.

Le site plus que centenaire du Lardin-Saint-Lazare, commune de 2.000 habitants, était encore le plus gros employeur privé de Dordogne avant qu'un plan social, en 2023, ne se traduise par 174 licenciements, presque la moitié des effectifs.

Fin août, les élus du personnel avaient alerté sur la situation financière de Condat et l'avenir de l'usine, qui a compté jusqu'à 1.200 salariés mais tourne aujourd'hui au ralenti.

La demande de papier couché, son marché historique, s'étant effondrée depuis 2011 (-70%), le site s'est recentré sur les papiers spéciaux (glassine pour étiquettes auto-adhésives), tout en installant une nouvelle chaudière plus économe, "pleinement opérationnelle" depuis février.

Malgré cela, Condat a pâti de la "hausse importante des coûts de l'énergie" et, dernièrement, de l'augmentation des droits de douane américains qui a conduit les papetiers "à se replier sur un marché européen déjà saturé", fait valoir la direction.

Le site a une capacité de production d'environ 115.000 tonnes par an, avec un chiffre d'affaires estimé pour 2025 à 100 millions d'euros, selon le communiqué.