Désinformation, violences : la Moldavie face aux manoeuvres de la Russie avant ses élections législatives
information fournie par Boursorama avec Media Services 23/09/2025 à 11:30

La BBC a notamment révélé l'existence d'un réseau de désinformation financé par la Russie, consistant à former et rémunérer des contributeurs chargés d'inonder les réseaux sociaux de contenus favorables au candidat du Kremlin. Les autorités moldaves, elles, ont annoncé le démantèlement d'un réseau soutenu par le renseignement militaire russe.

Maia Sandu, à Chisinau, le 4 février 2025 ( AFP / ELENA COVALENCO )

A moins d'une semaine de ses élections législatives, la Moldavie, pays pro-européen, a accusé la Russie de dépenser des "centaines de millions d'euros" pour la faire basculer dans son giron lors du scrutin, et de préparer des violences avant et après le scrutin.

"Le Kremlin achète des centaines de milliers de votes (...), les gens sont intoxiqués quotidiennement par des dizaines de mensonges (...) et des centaines d'individus sont payés pour provoquer le désordre, la violence et répandre la peur" , a déclaré la présidente moldave Maia Sandu dans une vidéo.

Selon son conseiller pour la sécurité nationale Stanislav Secrieru, "250 perquisitions ont eu lieu", "démantelant un réseau soutenu par le GRU", le renseignement militaire russe. "Plus de 100 Moldaves" ont été formés en Serbie par des instructeurs russes aux tactiques violentes contre la police et à l'utilisation d'armes à feu", a-t-il écrit lundi sur X.

"Leur mission: organiser des violences pré- et post-électorales. 74 individus ont été détenus et coopèrent avec les autorités", a-t-il ajouté. Selon le parquet, la plupart d'entre eux sont âgés de 19 à 45 ans et chacun a reçu une rémunération de 400 euros. "Par la suite, il a été découvert qu'ils étaient affiliés à certains partis politiques ou groupes criminels", a affirmé lundi Viorel Cernauteanu, le chef de la police moldave devant les journalistes, sans nommer ces formations politiques.

Le chef de l'opposition pro-russe, l'ancien président Igor Dodon, a déclaré lundi que des perquisitions avaient été effectuées dans les bureaux régionaux de son parti et a accusé le pouvoir de tentative "d'intimidation".

"Ces centaines de perquisitions quotidiennes et d'attaques contre nos collègues démontrent une fois de plus la peur de Maia Sandu face aux résultats des élections. Ils savent qu'ils vont perdre ces élections", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Un officier du GRU a été identifié comme le coordinateur sur Telegram de plusieurs groupes, et il utiliserait "le réseau Shor" pour recruter davantage de personnes.

Interdit de concourir et en fuite à l'étranger après une condamnation pour fraude, l'oligarque prorusse Ilan Shor a promis 3.000 dollars aux Moldaves qui descendraient dans la rue contre les "terroristes" au pouvoir, dans une vidéo sur les réseaux sociaux.

La désinformation bon marché plutôt que le chéquier

La BBC a quant à elle révélé l'existence d'un système de désinformation en infiltrant un réseau rémunérant des contributeurs relayant des fausses informations et faux sondages, via des vidéos cumulant des millions de vues sur Tiktok et Facebook.

Cette nouvelle campagne de désinformation intervient un an après le referendum sur l'adhésion à l'Union européenne de 2024, pour lequel Ilan Shor s'était déjà impliqué. "En 2024, la priorité de la campagne (d'Ilan Shor) était l'argent. Cette année, la priorité est la désinformation", résume ainsi Viorel Cernauteanu, auprès de la BBC.

Alors que la plupart des sondages donnent le Parti Action et Solidarité (PAS) de Mme Sandu en tête des intentions de vote, les analystes se montrent prudents quant au résultat du scrutin.