Désertification commerciale dans les centre-villes : un rapport préconise de s'attaquer au e-commerce information fournie par Boursorama avec Media Services 05/11/2025 à 11:28
Le commerce de proximité semble paradoxalement en forme avec 25% d'emplois supplémentaires en vingt ans, mais c'est grâce à la restauration et l'alimentaire.
Face au déclin du commerce de proximité en centre-ville, illustré par la crise dans le prêt-à-porter et par la vacance commerciale, un rapport préconise mercredi 5 novembre de s'attaquer aux distorsions de concurrence qui donnent un avantge aux géants du commerce en ligne.
Commandé en mai par l'ex-gouvernement, le rapport d'une centaine de pages sera remis au ministre de la Ville Vincent Jeanbrun et à son homologue du Commerce Serge Papin. Les auteurs, la maire LR de Saint-Quentin Frédérique Macarez, le directeur de la Banque des territoires Antoine Saintoyant et le PDG de Coopérative U Dominique Schelcher, dressent un état des lieux du commerce de proximité et formulent trente recommandations pour réimplanter en zone urbaine des commerces essentiels à la vie des habitants.
Depuis quelques années, le secteur connaît une mutation profonde : les Français achètent moins de biens, privilégient les prix bas et épargnent davantage , mais ils se rattrapent sur les services, le bien-être, les loisirs, et les restaurants.
Si le commerce de proximité semble paradoxalement en forme avec 25% d'emplois supplémentaires en vingt ans, c'est grâce à la restauration et l'alimentaire. A l'inverse, le prêt-à-porter traverse une crise profonde, concurrencé par la "fast-fashion". Le commerce en ligne, dont les ventes sont passées de 65 à 175 milliards en dix ans , s'est lui généralisé.
Taxe sur les achats en ligne
Depuis 2022, la vacance commerciale remonte, signe d'importantes surcapacités immobilières, de même que les défaillances d'entreprises, en particulier d'enseignes de centre-ville considérées comme des "locomotives".
"Les Français partagent largement le constat d'une dévitalisation de leur centre-ville", notent les auteurs, chaque fermeture étant vécue comme "une perte", voire "une déstabilisation" affectant "directement le quotidien". Ce déclin est partagé par "l'ensemble des territoires", même s'il touche particulièrement la ruralité.
La succession de crises -sanitaire, énergétique, politique- pèse aussi lourdement, entraînant une standardisation des enseignes, alors que les effets du ralentissement démographique se font sentir, de même que la concurrence des zones commerciales périphériques, jugées plus faciles d'accès, moins chères et mieux achalandées.
La situation des quartiers prioritaires est également critique, entre manque de commerces de première nécessité faisant peser un risque de "désertification alimentaire", faible diversité de l'offre et insuffisance de lieux de convivialité. Les auteurs préconisent une stratégie de "reconquête commerciale" en luttant contre la "concurrence déloyale" des plateformes en ligne. Cela passe notamment par une taxe sur les achats en ligne de biens importés de "deux euros minimum" et la taxation des entrepôts logistiques comme des surfaces commerciales.
Ils proposent aussi de déréférencer les plateformes extra-européennes contrevenant aux règles sanitaires, environnementales et sociales européennes.
Le rapport suggèrent enfin d'élargir les prérogatives des maires en matière d'installation commerciale, de plafonner certains loyers et d'alourdir la fiscalité sur les locaux commerciaux vacants.