Des "terrains juridiques et financiers inconnus" : la Belgique redit non au plan européen sur les avoirs russes gelés pour l'Ukraine
information fournie par Boursorama avec Media Services 28/11/2025 à 12:42

Domicile fiscal de la société Euroclear, qui détient quelque 210 milliards d'euros de ces avoirs de Moscou, la Belgique est en première ligne face au projet de "prêt de réparation" défendu par la Commission européenne.

Bart De Wever, à Bruxelles, le 24 novembre 2025 ( Belga / EMILE WINDAL )

"Je ne ferai jamais porter à la Belgique seule les risques et les dangers qui découleraient de l'option d'un prêt de réparation". Le Premier ministre belge Bart De Wever a réaffirmé son opposition à l'utilisation par l'UE des avoirs russes gelés pour financer l'Ukraine, menaçant ainsi la viabilité du dispositif. "Pourquoi nous aventurer ainsi dans des terrains juridiques et financiers inconnus?", interroge le conservateur flamand dans une lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen datée de jeudi 27 novembre. Ce dispositif, prévoyant un recours aux avoirs gelés de la banque centrale russe, dont l'essentiel se trouve en Belgique, est "à mon avis, fondamentalement erroné", souligne-t-il dans cette lettre de quatre pages.

La Commission européenne a proposé une utilisation de ces avoirs pour financer un "prêt de réparation" de quelque 140 milliards d'euros à l'Ukraine, que Kiev ne rembourserait que si la Russie paie des réparations de guerre.

Les Européens se sont engagés fin octobre à trouver des solutions pour financer l'Ukraine au cours des deux prochaines années, afin de garantir que Kiev ne se retrouve pas à court de ressources malgré le retrait progressif des Américains. La grande question est désormais de savoir comment organiser ce financement.

Zones d'ombre

Pour de nombreux pays de l'UE aux finances publiques fragiles, l'option la plus séduisante est de s'appuyer sur les avoirs de la Banque centrale russe, gelés sur le continent après l'invasion de l'Ukraine, en février 2022. La société Euroclear, basée à Bruxelles, détient quelque 210 milliards d'euros de ces avoirs, dont le total atteint 235 milliards dans l'UE.

L'Allemagne, les pays baltes, les pays scandinaves, la Pologne et les Pays-Bas y sont très favorables. Mais l'opération, complètement inédite, soulève de nombreuses interrogations, et pas seulement en Belgique. La Banque centrale européenne (BCE) s'inquiète d'éventuelles turbulences sur les marchés financiers, et d'une possible déstabilisation de l'euro.

Le Premier ministre belge Bart De Wever redoute quant à lui que son pays paie seul les pots cassés en cas de problème, et soit exposé à d'éventuelles représailles russes. Depuis plusieurs semaines, diplomates et responsables européens s'activent en coulisses pour répondre à ces inquiétudes. Ils ont trois semaines pour tenter de rallier la Belgique au projet ou bien de trouver d'autres formes de financement pour l'Ukraine. Le tout avant un sommet crucial, prévu le 18 décembre. Dans sa lettre, Bart De Wever martèle qu'il ne validera le dispositif que si des garanties contraignantes "sont fournies et signées par les Etats membres au moment de la décision".