Des pays européens suspendent les demandes d'asile de Syriens après la chute d'Assad information fournie par Reuters 09/12/2024 à 20:09
par Riham Alkousaa
Plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou encore l'Italie, ont suspendu lundi les demandes d'asile de Syriens jusqu'à nouvel ordre, après la chute du régime de Bachar al Assad ce week-end.
Cette décision concerne des dizaines de milliers de demandes d'asile en cours et intervient à un moment où s'accroît l'influence des partis politiques européens opposés à l'immigration ou désireux de la restreindre.
L'Allemagne a ouvert ses portes à un afflux de demandeurs d'asile syriens en 2015, au plus fort de la guerre civile qui ravage la Syrie depuis 13 ans. Elle accueille aujourd'hui près d'un million de Syriens, la plus grande communauté d'Europe.
Le ministère de l'Intérieur allemand a déclaré lundi qu'il ne traiterait pas les demandes d'asile tant que la situation politique en Syrie ne serait pas plus claire.
La Grande-Bretagne et l'Italie ont également annoncé le gel des demandes d'asile. Le ministère de l'Intérieur britannique dit évaluer la situation.
En France, le ministère de l'Intérieur a fait savoir qu'il travaillait sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie et qu'une décision serait annoncée dans les prochaines heures.
Dans un communiqué, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) fait état de 700 demandes d'asile de Syriens, dont des mineurs, en cours de traitement, sur 2.500 demandes reçues cette année.
En Allemagne, la Syrie a été le premier pays d'origine des demandeurs d'asile cette année, avec 72.420 demandes déposées à la fin du mois de novembre, selon les données de l'Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF). Quelque 47.270 personnes sont encore en cours de traitement.
Le gel des demandes n'affecte pas celles qui ont déjà été accordées, selon le BAMF. La ministre de l'Intérieur allemande, Nancy Faeser, a déclaré que les évaluations dépendraient de l'évolution de la situation en Syrie et qu'il était trop tôt pour dire si le pays était sûr pour y retourner.
ProAsyl, un groupe allemand qui fournit une assistance juridique et pratique aux demandeurs d'asile, estime que de nombreux mois seront nécessaires pour clarifier la situation sécuritaire en Syrie, ce qui pourrait dépasser la limite de six mois fixée pour évaluer les demandes.
Les autorités norvégiennes chargées de l'immigration ont fait savoir que les demandes d'asile des Syriens ne seraient ni refusées ni approuvées pour le moment.
Le Danemark, qui a également suspendu le traitement des demandes, a autorisé les Syriens dont l'asile a déjà été rejeté à rester plus longtemps en raison de l'incertitude politique.
Le chancelier autrichien Karl Nehammer a demandé à son ministre de l'Intérieur de suspendre toutes les demandes d'asile syriennes en cours et les regroupements familiaux. Les demandes d'asiles qui ont été validées vont être réexaminées, a-t-il ajouté.
La Grèce a suspendu les demandes d'asile d'environ 9.000 Syriens, a déclaré à Reuters une source gouvernementale grecque.
L'autorité suédoise chargée de l'immigration n'a pas répondu à une demande de commentaire dans l'immédiat.
(Reportage Riham Alkousaa à Berlin, Terje Solsvik à Oslo, Francois Murphy à Vienne, Layli Foroudi et Juliette Jabkhiro à Paris et Karolina Tagaris à Athènes ; version française Kate Entringer)