Des fermes high-tech se développent
information fournie par Boursorama avec LabSense 07/09/2019 à 08:30

Bien implantée ailleurs dans le monde, la ferme verticale high-tech arrive dorénavant en France. Des fermes 2.0 bourrées de technologie pour cultiver toute l’année des fruits et légumes en plein cœur des villes.

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Quand la technologie fait pousser des salades en pleine ville

Inventer la ville de demain passe par de nombreuses avancées technologiques et la société française HRVST — Harvest soit la récolte en anglais — compte bien accompagner cette mutation. L’entreprise pilotée par un jeune diplômé de HEC Montréal, Antoine Chupin, se base pour cela sur de nombreuses expériences similaires menées il y a plusieurs années déjà au Japon et aux États-Unis notamment. Le principe est d’installer des fermes verticales truffées de technologies tels que des néons à LED, ventilateurs, humidificateurs et autres diffuseurs automatiques d’engrais de synthèse notamment pour cultiver hors-sol des salades, tomates, concombres, radis ou tout autre fruit et légume.  Ces fermes urbaines sont dites verticales car, à l’inverse des traditionnels champs agricoles qui s’étendent sur plusieurs dizaines voire centaines d’hectares, elles n’ont qu’une faible emprise au sol et montent sur plusieurs dizaines de mètres. Il s’agit de culture 100 % hors-sol, dans laquelle les plantations sont exclusivement cultivées grâce à un substrat en pot et à de l’engrais — le plus souvent « chimique ».

Les différents enjeux de la ferme verticale

Antoine Chupin le sait bien : un travail à différents niveaux important doit être réalisé autour de son dispositif pour faire adopter durablement ce nouveau modèle de ferme urbaine. Plusieurs enjeux existent en effet, pour ne pas dire obstacles. Le premier est d’ordre financier car les cultures traditionnelles telles que les tomates, salades et concombres sont bien trop gourmands pour être rentables à la vente. La ferme high-tech cherche donc un modèle économique viable et pour cela de nombreuses expérimentations sont à l’œuvre actuellement. L’une des pistes envisagées est de cultiver des micropousses qui présentent comme intérêt d’afficher un niveau de retour sur investissement attractif. Mais l’autre grand défi de la ferme high-tech est lié à son image. En ces temps de culture bio et de locavorisme, force est de constater que la ferme urbaine ne fait pas que des adeptes. Les cultures sous LED sont loin d’emporter l’adhésion du plus grand nombre, les engrais de synthèse sont dans le collimateur de plus en plus de consommateurs pour leurs effets néfastes sur la santé, la culture hors-sol est jugée comme étant une technique qui rend insipide bien des fruits et légumes. Un défi de taille car sur le papier la ferme high-tech verticale semble bien cumuler tous les aspects négatifs actuellement décriés par le consommateur français.  D’autant que ce nouveau dispositif pourrait bien se heurter également à la production paysanne locale, défendue par un nombre croissant d’acteurs de la filière agricole française, mais également par les consommateurs eux-mêmes. Sur ce point, Antoine Chupin explique qu’il ne s’agit pas de « concurrencer les producteurs locaux, mais plutôt de compléter l’offre ». D’ailleurs, l’entrepreneur affirme que ses cultures sont principalement destinées à une cible précise de clientèle, à savoir essentiellement les restaurateurs et les grossistes.