Des éclairages techniques sur l'enquête Jubillar concluent la première semaine du procès information fournie par AFP 25/09/2025 à 21:01
La première semaine du procès Jubillar s'est achevée jeudi après une journée consacrée à la technicité de l'enquête, qui a vu quatre spécialistes expliquer les certitudes nées de leur analyse des téléphones de l'accusé et de son épouse disparue, Delphine.
Leurs dépositions, fondées sur l'analyse des données des téléphones, ont permis d'écarter certaines hypothèses et d'appuyer certaines contradictions des déclarations de Cédric Jubillar, d'exclure des scénarios sur ce qui a pu se passer cette nuit-là, sans pour autant éclaircir la totalité du mystère de ces quelques heures au cours desquelles l'infirmière de 33 ans a disparu.
Parmi ces témoins entendus à la barre figuraient deux gendarmes, un analyste criminel et un maître-chien spécialiste dans la recherche de personnes, ayant tous deux directement participé à l'enquête.
- "Une seule hypothèse vivante" -
"De l'ensemble des données recoupées, une seule hypothèse reste vivante, celle de Cédric Jubillar", a expliqué le gendarme Arnaud Bonnavenc, analyste criminel auprès de la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse, après avoir détaillé la façon dont les enquêteurs avaient évacué les pistes du rôdeur, d'un amant et d'un départ volontaire de Delphine en épluchant SMS, messages Messenger ou Snapchat et autres mouvements physiques des appareils.
Avec l'aide de deux autres témoins intervenus plus tard dans la journée, M. Bonnavenc a évoqué la façon dont l'équipe chargée des investigation a utilisé bases de données et logiciels de traitement pour donner du sens à l'énorme masse d'informations dont elle disposait.
Comme la veille, la défense de Cédric Jubillar s'est montrée offensive à l'encontre de l'analyste criminel, qui a répondu avec assurance et même un peu d'humour.
Mercredi, les débats ont été marqués par la première grande confrontation de ce procès: une joute intense de près de sept heures entre la défense de Cédric Jubillar et le chef de l'enquête de grande ampleur déclenchée après la disparition de l'infirmière.
Le major Bernard Lorvellec, chef d'enquête, a estimé que "tous les éléments recueillis" pointaient vers une implication de Cédric Jubillar dans la disparition de son épouse Delphine, à Cagnac-les-Mines (Tarn).
Les conseils de M. Jubillar avaient répliqué en attaquant avec véhémence ses conclusions, cherchant pendant plus de trois heures à dégonfler tous les éléments considérés comme intangibles par l'accusation.
- Salles combles -
Outre les techniciens numériques, la cour a entendu jeudi le maître-chien spécialiste de recherche de personne intervenu le matin du 16 décembre pour tenter de pister la trace de Delphine Jubillar. Il a raconté comment sa chienne Maya n'avait pu suivre qu'une seule et unique trace, celle de la promenade des chiens du couple réalisée par la jeune femme au cours des 24 heures précédentes.
Une expertise dont chacune des parties au procès a pu estimer qu'elle servait sa vision du dossier.
Les débats avaient par ailleurs été marqués dans l'après-midi par la déposition d'un ancien policier, cité par des parties civiles, qui proposait une analyse alternative de certaines données retrouvées sur le téléphone de Cédric Jubillar. Un rapport qualifié de "ridicule" par la défense et de "plaisanterie" par l'accusation.
Au terme de la journée, les conseils de l'accusé, Emmanuelle Franck et Alexandre Martin, ont dressé un "bilan plutôt positif" de ces quatre premiers jours d'audience "menés de manière exemplaire" par la présidente, Hélène Ratinaud. Ils ont estimé avoir par exemple "rétabli l'image de Cédric Jubillar" et mis en avant "toutes les lacunes de cette enquête".
Alors que l'intérêt du public ne se dément pas au vu des salles toujours combles de ce procès et d'une forte présence médiatique, Cédric Jubillar a écouté sans ciller les différentes dépositions et a réaffirmé son innocence lorsqu'il a été invité à prendre la parole.
Il vit ce procès "comme il peut", a expliqué Me Franck. "C'est quelqu'un qui nous fait confiance, qui nous a dit +moi je suis innocent, essayez de me sortir de ce cauchemar+", a-t-elle insisté avant de quitter le palais de justice.
Le procès de leur client, peintre-plaquiste de 38 ans, doit durer au total quatre semaines et reprendra lundi matin. Le verdict est attendu le 17 octobre.