Des douches et une salle fraîche pendant la canicule, un "bonheur" pour des sans-abri
information fournie par AFP 11/08/2025 à 19:00

Une personne se repose sur un lit de camp au centre d'accueil Jean Moulin à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 11 août 2025. ( AFP / ROMAIN PERROCHEAU )

Après des jours à errer d'un parc à un autre dans un Bordeaux surchauffé, William a pu rejoindre lundi, exténué par une température qui a dépassé 41°C, la fraîcheur d'un centre municipal ouvert aux sans-abri pendant la canicule.

"Même la nuit, il n'y a pas d'air. J'ai tout essayé, les parcs, les fontaines, rien n'y fait, je sens que mon corps cuit. Alors pouvoir, sans pression, me reposer dans un lieu frais, c'est un bonheur", indique ce trentenaire à la rue depuis des mois, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, tout comme les autres personnes accueillies au centre.

Boissons, snacks, repas et même des lits de camp: depuis que le département de la Gironde est passé en vigilance orange (samedi et dimanche), puis en rouge lundi, la mairie écologiste a ouvert le centre Jean-Moulin, naturellement frais grâce à ses murs en pierre, aux personnes à la rue à la recherche de quelques heures de répit.

Trois hommes, le visage en sueur, s'installent à une table après s'être jetés sur les bouteilles d'eau fraîche. À côté d'eux, la tête entre les mains, Thierry, 62 ans, ne souhaitait qu'une chose: se "mettre au frais".

Une personne sans domicile fixe profite de la fraîcheur au centre Jean Moulin de Bordeaux, en pleine canicule, le 11 août 2025 ( AFP / ROMAIN PERROCHEAU )

"Je fais comme je peux, parfois je dors à la gare, mais avec cette chaleur ce n'est plus possible. Et puis où qu'on aille, on nous fait bien comprendre qu'on n'est pas les bienvenus, qu'on ne veut pas de nous... alors qu'ici, on nous accueille, ça fait chaud au cœur", dit cet homme chauve, à la barbe blanche bien touffue.

- "J'en peux plus" -

Installé derrière une grande table en plastique qui sert de comptoir, Jean-Michel Galan, retraité de 69 ans, propose avec un grand sourire compotes, gâteaux, thé ou café, mais aussi, pour ceux qui le souhaitent, des repas chauds ou froids.

"Je fais partie de la +Réserve citoyenne+ de Bordeaux Métropole, c'est-à-dire que je suis bénévole sur des actions ponctuelles comme celle-ci, mais ça peut aussi être lors d'incendies ou d'inondations. Toutes les situations où des citoyens sont en danger", dit-il.

La grande majorité des personnes qui se présentent sont des hommes, témoigne-t-il, ajoutant que des coins isolés avec des lits sont prévus pour les femmes, ainsi que des kits d'hygiène intime.

Une personne sans domicile fixe profite de la fraîcheur au centre Jean Moulin de Bordeaux, en pleine canicule, le 11 août 2025 ( AFP / ROMAIN PERROCHEAU )

Plusieurs centaines de personnes sont sans abri dans la capitale girondine, selon un recensement annuel de la municipalité. Les prévenir de la mise en place d'un tel dispositif représente "tout l'enjeu de la chose", explique à l'AFP Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé de l'urbanisme et du logement, citant notamment les maraudes, associations et médiateurs sociaux.

Grand cabas en plastique accroché au bras, une vieille dame, le dos courbé, marche péniblement sous un soleil écrasant. Un bout de papier à la main où l'on peut lire "Centre Jean-Moulin", elle demande aux passants autour d'elle s'ils connaissent "ce lieu dédié aux gens comme moi". "J'en peux plus", murmure-t-elle.

À deux pas du centre, juste en face de la mairie, un grand camion blanc de la Croix-Rouge complète le dispositif d'urgence destiné aux sans-abris. Tout juste sorti de l'une des deux douches installées dans le véhicule, Walid, un Tunisien de 42 ans, a les cheveux mouillés et un grand sourire aux lèvres.

"Ça fait un bien fou, je reviendrai!", lance-t-il.