Des diplomates américains pour la Syrie subitement remerciés-sources information fournie par Reuters 18/09/2025 à 10:02
par Jonathan Spicer, Suleiman Al-Khalidi et Humeyra Pamuk
Certains des diplomates américains les plus expérimentés sur la Syrie ont été brusquement démis de leurs fonctions ces derniers jours, selon cinq personnes proches du dossier, un remaniement intervenant alors que Washington cherche à intégrer ses alliés kurdes syriens dans l'administration centrale de Damas.
Depuis que les États-Unis ont fermé leur ambassade à Damas en 2012, la Plateforme régionale pour la Syrie (SRP) a servi d'ambassade de facto pour la Syrie et est basée à Istanbul. Les diplomates de la SRP relevaient tous de Tom Barrack, l'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, conseiller et ami de longue date du président américain Donald Trump.
Nommé en mai, Tom Barrack a été le fer de lance d'un changement de politique régionale qui soutient un État syrien unifié sous la direction du président Ahmed al Charaa, le dirigeant islamiste qui s'est emparé du pouvoir à la fin de l'année dernière après la chute de Bachar al Assad.
L'une des personnes ayant parlé à Reuters, une source diplomatique américaine, a déclaré qu'une "poignée" de membres du personnel du SRP ont été informés de la fin de leur affectation dans le cadre d'une réorganisation de l'équipe.
Cette personne a déclaré que ces départs n'affecteraient pas la politique américaine en Syrie et que la décision de les renvoyer n'était pas basée sur des divergences politiques entre le personnel et Tom Barrack ou la Maison blanche.
Les sources, qui comprennent également deux diplomates occidentaux et deux sources établies aux États-Unis, ont déclaré que les départs étaient soudains et involontaires et qu'ils ont eu lieu vers la fin de la semaine dernière.
Reuters n'a pas été en mesure de déterminer la raison officielle de ces départs.
Un fonctionnaire du département d'État a déclaré qu'il ne commenterait pas les "décisions concernant le personnel ou les réorganisations administratives". "Le personnel clé travaillant sur les questions relatives à la Syrie continue d'opérer depuis plusieurs sites", a-t-il ajouté.
Un diplomate occidental a déclaré que l'éviction des diplomates américains était en partie due à une "divergence de vues" entre les membres du personnel et Tom Barrack sur la question des Forces démocratiques syriennes (FDS) et d'Ahmed al Charaa, sans donner plus de détails.
Tom Barrack, l'envoyé spécial, a exhorté les FDS, dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis, à ratifier plus rapidement l'accord conclu en mars avec Ahmed al Charaa afin de placer les zones qu'elles gèrent sous l'autorité de l'État et d'intégrer les FDS dans les forces de sécurité nationales.
Certains dirigeants des FDS, ayant combattu avec les États-Unis contre l'État islamique sous le régime de Bachar al Assad, résistent à la pression américaine visant à les intégrer aux forces de sécurité nationale, en raison notamment d'une flambée de violence ayant éclaté cette année à travers la Syrie.
Les FDS continuent à faire pression pour un gouvernement moins centralisé dans l'ère post-Assad et dans lequel elles conserveraient l'autonomie acquise au cours de la guerre civile en Syrie.
Le département d'État américain n'a pas fait de commentaire à ce sujet.
Tom Barrack, qui est également ambassadeur des États-Unis auprès de la Turquie, n'a pas pu être joint directement pour un commentaire.
(Reportage de Jonathan Spicer à Istanbul, Suleiman Al-Khalidi à Amman et Humeyra Pamuk à Washington ; avec la contribution de Maya Gebeily à Beyrouth ; version française Coralie Lamarque ; édité par Blandine Hénault)