Des bureaux "intelligents" pour séduire et doper la productivité
information fournie par Reuters 04/01/2019 à 14:03
par Caroline Copley BERLIN, 4 janvier (Reuters) - Dans les bureaux du futur, dont deux sont en construction à Berlin, les salariés seront identifiés par leur smartphone, appareil qui leur permettra également d'entrer sans clé dans des bâtiments, d'ajuster automatiquement la température et la qualité de l'air et même de ne plus avoir à rajouter du papier dans des imprimantes et photocopieuses. Les promoteurs de ces bureaux espèrent que cette avalanche de technologies, reposant sur l'intelligence artificielle, permettra aux salariés de travailler plus efficacement et confortablement dans des espaces qui ne seront plus fixes, mais flexibles, avec notamment la possibilité de créer de grandes salles de réunion. Les bâtiments connectés sont également censés réduire le taux d'arrêt maladie. Dans la capitale allemande, où les loyers ont grimpé en flèche ces dernières années, la tendance est déjà à l'oeuvre. Le taux d'inoccupation des bureaux est tombé à 1,5%, faisant de la ville le lieu idéal pour les développeurs voulant présenter des innovations en matière de bureaux. La croissance soutenue des start-up locales comme Zalando ZALG.DE et Delivery Hero DHER.DE soutient la demande d'espaces de travail à Berlin. Deux nouveaux projets de bureaux dits intelligents sont en cours de construction dans un secteur où était jadis érigé le mur coupant la ville en deux, à proximité de la principale gare ferroviaire. L'un des deux projets, baptisé le Cube et construit par le groupe autrichien CA Immo CAIV.VI , sera achevé d'ici la fin de l'année. L'autre, nommé The Edge Grand Central et confié à la société EDGE Technologies, une filiale du groupe néerlandais OVG Real Estate, est attendu pour 2020. "L'immeuble de bureaux est la nouvelle voiture de fonction. Dans mon monde, la voiture de fonction ne constitue plus un avantage en nature. Les gens regardent autour d'eux et se disent: "Voici un lieu agréable pour travailler", observe Martin Rodeck, directeur général chez EDGE Technologies Allemagne. "UN CERVEAU" Les deux immeubles de bureaux sont bardés de capteurs capables de tout mesurer, allant de la détection des mouvements, à la température, en passant par l'éclairage, le taux d'humidité et de CO2. L'ensemble est connecté à une plate-forme d'informatique dans le nuage ("cloud"). Selon ses promoteurs, le Cube est doté d'un "cerveau" capable d'apprendre et d'analyser toutes sortes de données afin d'optimiser le fonctionnement du bâtiment. Lorsque le bâtiment est inoccupé, le Cube peut éteindre tout seul les lumières et ajuster le système de chauffage. Dans une salle de réunion bondée, il peut injecter un surplus d'oxygène. Les salariés des futurs bureaux y accéderont via une application pour smartphone qui connaît leur agenda, ce qui lui permettra d'émettre des suggestions comme s'asseoir près d'une fenêtre, se rendre dans une salle, commander un repas ou encore proposer une aide à la navigation dans le bâtiment. Les espaces de travail, désormais partagés, s'adapteront en fonction des usages. Des casiers seront disponibles pour stocker ses effets personnels. Les petites gênes du quotidien comme devoir alimenter de papier une imprimante seront réglées grâce à un système de maintenance prédictive, explique Martin Rodeck. A la manière d'une voiture alertant sur l'état de carburant, l'imprimante enverra des alertes au système de gestion de l'immeuble lorsque le niveau de papier est bas afin que quelqu'un puisse l'approvisionner. BAISSE DES ARRÊTS MALADIE Les salariés travaillent mieux dans un environnement disposant d'une bonne qualité d'air et d'un niveau de bruit et d'humidité acceptables, selon des études. Les bâtiments intelligents se targuent de pouvoir réduire les arrêts maladie en apportant cela aux salariés. Selon Martin Rodeck, le cabinet de conseil Deloitte a constaté un fort recul du taux d'arrêt maladie et une hausse du nombre de candidats postulant à ses offres lorsqu'il a déménagé dans le bâtiment intelligent d'OVG Real Estate, The Edge, à Amsterdam en 2015. Les salariés de Zalando, numéro un européen de la mode en ligne, se sont plaints pour leur part du manque de salles de réunion et de la difficulté à se concentrer dans un environnement bruyant lors d'une consultation sur leur espace de travail actuel. Dans le nouveau siège, qui devrait ouvrir début 2019, ils pourront choisir entre une bibliothèque pour travailler paisiblement, des cabines téléphoniques pour des conversations privées ou des plate-formes ouvertes facilitant des interactions. "L'important est de fournir un environnement de travail à tous", a déclaré Raimund Paetzmann, vice-président de Zalando pour l'immobilier. Une étude menée par les cabinets spécialisés CCL et Savills montre cependant que la moitié des moins de 34 ans et 60% des plus de 35 ans ne souhaitent pas abandonner leurs bureaux fixes. "Nous avons tous besoin de notre maison, d'un havre de paix et d'une partie du bureau qui nous appartient", note Franz Kühmayer, chercheur en tendances au sein du groupe de réflexion Zukunftsinstitut. (Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)