Au procès Jubillar, "la peur" de Delphine et "la dispute" la nuit de la disparition information fournie par AFP 06/10/2025 à 20:01
Delphine Jubillar avait reçu des "menaces" de son mari: au palais de justice d'Albi, l'amant de l'infirmière disparue a parlé lundi de la "peur" qu'elle avait de l'homme dont elle voulait divorcer, jusqu'à cette nuit de décembre 2020, où une dispute éclate au sein du couple, selon leur fils.
Le soir du 15 décembre 2020, peu avant la disparition de sa mère, Louis, alors âgé de six ans, "a entendu ses parents se disputer, une dispute en lien avec une séparation", a déclaré la gendarme Hélène Milhoud, devant la cour d'assises du Tarn, qui juge Cédric Jubillar pour le meurtre de sa femme.
L'enquêtrice, formée pour recueillir des témoignages d'enfants, a expliqué avoir auditionné Louis deux fois, le 16 décembre 2020, quelques heures seulement après la disparition de sa mère, puis à la fin janvier 2021.
Alors que la première fois, Louis affirme que ses parents "parlaient" mais "ne criaient pas", la deuxième fois il dit qu'"ils se disputaient". Il entend ensuite des "gros mots" et son père dire "puisque c'est comme ça, on va se séparer". Il regarde par la porte entrouverte et les voit se pousser, précise la gendarme.
"Je pense qu'il confond les soirées", a affirmé Cédric Jubillar, après l'audition, reconnaissant qu'il y a eu des disputes, mais pas ce soir-là.
"Normalement, on fermait toujours la porte du couloir quand on se disputait", a-t-il assuré.
Avant ces échanges, deux voisines ont confirmé qu'elles avaient bien entendu des cris de femme et des aboiements de chiens le 15 décembre vers 23H00, comme elles l'avaient déjà dit aux enquêteurs.
L'accusé a, lui, affirmé qu'il dormait à cette heure-là, ajoutant: "Elles ont peut-être entendu des cris et des chiens, mais je ne crois pas que ça venait de chez moi".
- "Intime conviction" -
Lundi matin, l'amant de Delphine, Jean, avec lequel elle voulait refaire sa vie, a affirmé que l'infirmière disparue avait "reçu des menaces de son mari".
"Elle avait peur de lui", a poursuivi le quadragénaire, expert automobile, ajoutant avoir "l'intime conviction que c'est Cédric Jubillar qui a attenté à la vie de sa femme".
Delphine Jubillar, née Aussaguel, ne lui a en revanche "jamais parlé" de violences psychiques ou physiques de la part de Cédric, a-t-il encore affirmé.
Vers la fin de l'audition de l'amant, la défense a affirmé que les enquêteurs avaient "volontairement caché" des données selon lesquelles le téléphone de Jean aurait été détecté la nuit de la disparition de l'infirmière par un relais téléphonique à Cagnac-les-Mines (Tarn), où se trouve le domicile des Jubillar.
- "Jamais à Cagnac" -
"Je n'ai jamais été à Cagnac-les-Mines", avait assuré auparavant cet homme domicilié à Montauban. Il y a "forcément une explication informatique" à ce phénomène, a-t-il réagi après les affirmations de la défense.
Plusieurs avocats des parties civiles ont regretté que la défense ne leur ait pas communiqué à l'avance leurs conclusions et leur demande d'expertises complémentaires afin de permettre de débattre de ce sujet très technique.
Défense comme avocats généraux sont convenus qu'il serait "opportun" d'entendre le gendarme auteur de la liste des numéros et de chercher à recouvrer le procès verbal manquant, mais via une "tierce personne", a demandé Me Martin, qui a déclaré n'avoir "plus confiance dans les gendarmes".
Ces requêtes ont été mises en délibéré par la présidente Hélène Ratinaud. Elle pourrait se prononcer dès mardi, selon Me Philippe Pressecq, qui représente une cousine de Delphine.
Cédric Jubillar a toujours nié avoir tué son épouse, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Le verdict est attendu le 17 octobre, après quatre semaines d'audience.