Défense du flanc est de l'Otan : sous pression, la Lituanie s'affirme comme gros client du canon Caesar dans un nouveau contrat avec KNDS France information fournie par Boursorama avec Media Services 12/12/2025 à 13:42
Déjà client du canon automoteur français, le pays balte veut muscler ses capacités d'artillerie à longue portée face à la menace russe.
Sous la pression des activités militaires de Moscou, la Lituanie a commandé 30 canons Caesar au franco-allemand KNDS, qui s'ajoutent à 18 pièces acquises en 2022, a annoncé le groupe de défense dans un communiqué, sans donner de montant.
Ce pays balte, ex-république soviétique frontalière à la Russie disposera ainsi d’ici 2030 d’une division entière de canons Caesar, fabriqués par la branche française de KNDS et éprouvés sur le front ukrainien. Les livraisons débuteront au premier semestre 2027. Interrogé par l'AFP, le groupe n'a pas révélé le montant du contrat. Selon le quotidien La Tribune , il s'élève à 252 millions d'euros. Ce choix " participera à la protection du flanc Est de l'Otan", souligne KNDS.
Protéger le très sensible "corridor de Suwalki", point faible du flanc est de l'Otan
L’accord prévoit aussi l’ouverture d’un centre de maintien en condition opérationnelle en Lituanie, afin de soutenir la montée en puissance de l’industrie de défense locale.
La situation géographique du pays balte est sensible : sa partie sud est coincée entre l'enclave russe de Kaliningrad à l'ouest, la Pologne au sud-ouest, et la Biélorussie, à son sud-est. Des experts militaires ont déjà averti quant au scénario d'une jonction des forces amies de Moscou par le "corridor de Suwalki", point vulnérable de l'Europe, et actuelle frontière entre Pologne et Lituanie.
En parallèle, Vilnius franchit une nouvelle étape avec la construction d’un site d’assemblage pour 41 chars Leopard à Kaunas dans le cadre d'un contrat signé avec KNDS Allemagne qui fabrique ces chars. Cet accord prévoit la formation de personnel pour la production et la maintenance, ainsi qu’un soutien logistique pendant cinq ans après la livraison des premiers systèmes. Cette initiative fait suite à la décision de la Lituanie, en décembre 2024, d’acquérir 44 chars Leopard dans le cadre du programme commun d’achats européen, dont elle fut le premier pays signataire. Les livraisons sont attendues entre 2028 et 2030.
La Lituanie a déclaré cette semaine un "état d'urgence" facilitant la participation des militaires à la surveillance de la frontière bélarusse face à un afflux de ballons en provenance du Bélarus, allié de la Russie, que Vilnius et Bruxelles qualifient "d'attaque hybride".
Depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de la Crimée par la Russie en 2014 et le début de la guerre en Ukraine, la Lituanie est l’un des pays européens les plus en alerte face à la menace russe. Membre de l’Otan depuis 2004, elle a rétabli la conscription en 2015, augmenté ses dépenses militaires au-delà des 2% du PIB et milite pour une présence renforcée des forces alliées sur le flanc Est. Sa position géographique la place en première ligne des tensions régionales. Vilnius dénonce régulièrement les cyberattaques et campagnes de désinformation attribuées à Moscou, qu’elle considère comme une menace directe pour sa sécurité nationale.