Déclin des blindés, domination des drones, missiles... : la guerre en Ukraine rebat les cartes de la guerre de haute intensité
information fournie par Boursorama avec Media Services 24/10/2025 à 15:36

La guerre en Ukraine a vu le retour de la dimension industrielle des conflits avec combats de position, consommation massive de munitions et production d'armements à grande échelle.

Des tirs de défense antiaérienne en Ukraine. (illustrtion) ( AFP / SERGEI SUPINSKY )

C'est le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, et la guerre en Ukraine a d'ores et déjà profondément modifié la manière dont les armes sont utilisées sur le front.

Alors que les alliés de Kiev se réunissent vendredi 24 octobre à Londres, en présence de Volodymyr Zelensky, pour discuter de livraisons d'armes de longue portée à l'Ukraine, voici un les principales armes utilisées par les belligérants depuis plus de trois ans et demi d'une guerre où l'armement est en constante évolution.

• L'essor des drones

Tirés par centaines tous les jours des deux côtés du front , les drones sont devenus l'arme incontournable du conflit, et le nouveau maître du champ de bataille, où les soldats doivent se cacher sous terre pour leur échapper.

Sur le front, les drones peuvent repérer les mouvements de troupes, chasser derrière les lignes ennemies ou guider les frappes de l'artillerie.

Ces petits engins FPV (First Person View) sont pilotés à distance et peuvent embarquer des obus. Leur technologie évolue en permanence, entre utilisation de l'IA pour leur donner plus d'autonomie ou de la fibre optique pour les protéger du brouillage électronique.

Les deux camps utilisent aussi des drones d'attaque, plus grands et pouvant porter des charges explosives, pour frapper notamment des infrastructures loin du front, à bas coût. Côté russe, il s'agit des Guéran dérivés des Shahed iraniens et des Lancet, régulièrement tirés massivement sur l'Ukraine. Côté ukrainien, il s'agit notamment des Bayraktar turcs et d'une multitude de modèles produits localement ou en Occident.

• Missiles : Iskander contre Patriot

Beaucoup plus coûteux, les missiles sont utilisés pour frapper des cibles d'importance après que les drones ont saturé les défenses antiaériennes.

La Russie domine dans ce secteur avec un arsenal composé de missiles de croisière , c'est-à-dire volant sur une trajectoire quasi horizontale (Kh-101, Kalibr); de missiles balistiques, qui suivent une trajectoire courbe (Iskander) et de missiles hypersoniques, capable de voler à une vitesse extrême et de changer de trajectoire en vol (Kinjal).

En novembre 2024, Moscou avait tiré pour la première fois sur une usine militaire du centre de l'Ukraine un missile expérimental, l'Orechnik, capable de porter des têtes nucléaires multiples.

L'Ukraine dispose de son côté d'une quantité limitée de missiles fournis par ses alliés : les Storm Shadow britanniques et SCALP français, ainsi que les ATACMS et HIMARS américains.

Kiev a réclamé à Washington des missiles de croisière Tomahawk, sans succès à ce stade. L'Ukraine ambitionne de produire en série son propre engin, baptisé Flamingo.

Pour défendre leur ciel, les deux pays doivent compter sur leur défense antiaérienne : batteries modernes américaines Patriot ou européennes IRIS-T, NASAMS et SAMP/T épaulées par des brigades mobiles pour Kiev; batteries russes S-400/S-300, Bouk, Tor et Pantsir pour Moscou.

En 2024, l'Ukraine a reçu de la part des Occidentaux des avions de combat F-16 pour l'aider à repousser les attaques russes. Au moins quatre d'entre eux ont été perdus en opération, a reconnu Kiev.

• Déclin des blindés

Éléments clés du champ de bataille au début de la guerre, les chars et blindés sont beaucoup moins présents sur le front en Ukraine, trop coûteux et vulnérables face aux drones bon marché.

Les forces russes ont perdu de nombreux chars plus ou moins modernes dans leurs offensives (T-90, T80, T-72...), selon les décomptes se fondant sur des informations en source ouverte.

L'Ukraine, qui avait reçu des chars occidentaux Leopard, Challenger et Abrams pour sa grande contre-offensive de 2023, s'est de son côté heurtée à des défenses russes qui se sont révélées impénétrables.

Certaines unités vont aujourd'hui jusqu'à se tourner vers les motos pour se déplacer. D'autres ont modifié les chars dont ils disposent pour les rendre plus résistants, quitte à les faire ressembler à des véhicules tirés du film post-apocalyptique Mad Max.

• Guerre industrielle

La guerre en Ukraine a aussi vu le retour de la dimension industrielle des conflits avec combats de position, consommation massive de munitions et production d'armements à grande échelle.

En 2024, une estimation européenne chiffrait à 10.000 le nombre d'obus tirés chaque jour par l'armée russe, soit un dixième de la capacité de production annuelle de la France.

Les bombes planantes, des engins extrêmement destructeurs largués par des avions, sont massivement utilisées par l'armée russe depuis 2023 et réduisent en ruines villes et positions ukrainiennes sur le front.

Face à ce constat et à la volonté apparente de Donald Trump de désengagement, les Européens -en particulier la France, l'Allemagne et la Pologne- ont enclenché des efforts de réarmement.