Décès du doyen des survivants du seul camp nazi de France
information fournie par AFP 30/12/2025 à 14:48

Henri Mosson, le 28 octobre 2024 à Dijon, en Côte d'Or ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

Henri Mosson, doyen des survivants du camp alsacien de Natzweiler-Struthof, seul camp nazi de France, est décédé à l'âge de 101 ans dans la nuit de lundi à mardi à Dijon, a indiqué son fils à l'AFP.

"Mon papa nous a quittés cette nuit (...) Il m'a transmis le flambeau de la mémoire que je saurai honorer avec force et détermination pour lutter contre toute forme de haine", a réagi mardi Gérard Mosson dans un message à l'AFP.

"C'est avec une profonde tristesse que nous apprenons le décès du doyen des survivants de Natzweiler-Struthof", a confirmé l'Association Natzweiler-Struthof, Histoire et mémoire, sur sa page Facebook.

Henri Mosson, décédé à quelques jours de son 102e anniversaire, le 5 janvier, avait été condamné à mort le 27 juin 1943 à l'âge de 19 ans, pour avoir récupéré des armes pour la résistance bourguignonne. Sa peine commuée, il est finalement déporté au camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), où sont envoyés les détenus dits "Nacht und Nebel" (Nuit et brouillard) : des opposants politiques que les nazis veulent faire disparaître sans laisser de traces.

Le président Emmanuel Macron y avait effectué une visite, en novembre 2024, à l'occasion des 80 ans de la libération de Strasbourg.

Transféré à Dachau (Allemagne) avant d'être libéré le 30 avril 1945, Henri Mosson s'est par la suite fait passeur de mémoire à ses quatre enfants, six petits-enfants et dix arrière-petits-enfants, mais aussi aux quelque "200 écoles" où il est intervenu. "Même en Allemagne", avait-il récemment souligné dans un témoignage à l'AFP.

"Il faut informer les jeunes. On ne sait pas ce qui peut arriver", dit-il. "Vous pouvez avoir les Russes dans deux mois, ça peut recommencer. Vous avez vu l'Ukraine...", avait-il ajouté.

Henri Mosson a été "un inlassable témoin de la résistance et de la déportation auprès des scolaires et du grand public" et "reste dans le souvenir des milliers d'élèves et d'auditeurs qui ont pu l'entendre un jour raconter son histoire et celle de ses camarades détenus", écrit l'Association Natzweiler-Struthof, Histoire et mémoire.

Henri Mosson "a traversé l'horreur sans jamais céder à la haine ni à la tentation de l'héroïsation", a souligné dans un communiqué François Rebsamen, le président de l'agglomération de Dijon et ancien maire de la ville. Il avait remis la Légion d'honneur à l'ancien déporté le jour de son centième anniversaire, le 5 janvier 2024.