Décès de Tchéky Karyo, acteur à la longue carrière française et internationale
information fournie par AFP 01/11/2025 à 17:49

Tcheky Karyo le 7 mars 2016, à Paris ( AFP / JOEL SAGET )

L'acteur franco-turc Tchéky Karyo, qui a joué dans environ 80 films dont les grands succès "L'Ours" de Jean-Jacques Annaud et "Nikita" de Luc Besson, est décédé vendredi à l'âge de 72 ans.

"Valérie Keruzoré, son épouse, et leurs enfants ont la douleur de faire part de la disparition de Tchéky Karyo emporté par un cancer ce vendredi 31 octobre", indique sa famille dans un communiqué transmis à l'AFP.

Selon son agente, Elisabeth Tanner, l'acteur à la longue et prolifique carrière en France comme à l'étranger est décédé en Bretagne.

Né à Istanbul en 1953, Tchéky Karyo s'était fait connaître du grand public à la fin des années 1980 en tenant le premier rôle dans "L'Ours", grand succès en salles avec près de neuf millions d'entrées, où il campait un chasseur de plantigrades pris de remords.

En 1990, le comédien au regard perçant et à la mâchoire carrée avait enchaîné avec un autre succès en jouant le rôle ambigu de l'agent recruteur de "Nikita", redoutable tueuse à gages incarnée par Anne Parillaud devant la caméra de Luc Besson.

Un réalisateur qu'il retrouvera pour "Jeanne d'Arc" en 1999 et dans une de ses productions "Le baiser mortel du dragon", où il incarne un inspecteur de police corrompu.

Dans le western urbain "Dobermann" (1997) de Jan Kounen, il ajoutait une touche de sadisme à un personnage de flic dopé à la violence.

La carrière de ce polyglotte maîtrisant le français, l'anglais, l'espagnol et l'arabe avait débuté dans le cinéma d'auteur français, notamment en 1982 devant la caméra de Chantal Akerman pour "Toute une nuit" et devant celle d'Eric Rohmer en 1984 dans "Les Nuits de la pleine lune".

En 1983, il avait été nommé pour le César du meilleur espoir masculin pour son rôle de truand dans le film "La Balance" du réalisateur Bob Swain.

Sa filmographie éclectique l'a fait côtoyer Jean-Pierre Jeunet dans "Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain" (2001), un des plus grands succès du cinéma français dans lequel il tient un des plus petits rôles du 7e art... et apparaît sur une des photos d'identité collectionnées par un personnage.

- Rôles de méchants -

L'acteur franco-turc Tchéky Karyo, le 6 septembre 2002 au Festival international du film de Toronto ( AFP / J.P. MOCZULSKI )

Il a également tourné avec des cinéastes étrangers, notamment le Brésilien Walter Salles ("Terra Estrangeira", 1995) ou le Britannique Ridley Scott dans "1492: Christophe Colomb" aux côtés de Gérard Depardieu.

Mais ce sont ses seconds rôles de méchants dans des films à succès -- un ministre russe dans le James Bond "GoldenEye" (1995) ou un criminel dans "Bad Boys" (1995) avec Will Smith -- qui ont fait sa renommée à l'international.

Saluant "un artiste complet, un homme généreux et discret", la ministre de la Culture Rachida Dati a estimé dans un communiqué que Tchéky Karyo "appartenait à cette famille d’acteurs qui donnent au cinéma français sa force et sa diversité".

"Tchéky Karyo laisse le souvenir d'un comédien sur qui on peut compter derrière un sourire d'homme tranquille", a déclaré à l'AFP Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes, évoquant sa "douceur dans la voix sous un physique de costaud mal rasé".

L'acteur était également connu du public anglo-saxon pour avoir joué un inspecteur enquêtant sur des disparitions dans des séries de la BBC, à partir de 2014.

"C'était un acteur vraiment brillant et très apprécié, et les téléspectateurs de la BBC se souviendront avec émotion de ses rôles dans +The Missing+, +Baptiste+ et, plus récemment, +Boat Story+", a réagi Lindsay Salt, de BBC Drama, sur le site du groupe audiovisuel.

Sur le petit écran toujours, il était apparu dans plusieurs épisodes de "Kaamelott" d'Alexandre Astier, relecture humoristique de la quête du Graal et des chevaliers de la Table ronde, prêtant ses traits à un chef de guerre.

L'acteur a également eu une longue carrière sur les planches et s'était notamment produit au Festival d'Avignon au début des années 1980.

"Ce métier m'a aidé à devenir un homme meilleur. L'art dramatique est un moyen d'aller sur un espace réservé et magique dans lequel on entre en compagnie d'autres personnes qui ont besoin aussi de cette pulsion et peut-être de prendre du recul par rapport à eux-mêmes", déclarait-il en 2017 dans les colonnes du journal Midi Libre.