Décès de l'ancien vice-président américain Dick Cheney
information fournie par AFP 04/11/2025 à 17:42

Dick Cheney à Washington le 26 avril 2008 ( AFP / MANDEL NGAN )

Homme de l'ombre, réputé pour sa considérable influence en coulisses, l'ancien vice-président américain Dick Cheney est mort à l'âge de 84 ans, a annoncé mardi sa famille aux médias américains.

Sa mort, survenue lundi, est due à des complications liées à une pneumonie ainsi qu'à des maladies cardiaques et vasculaires, selon une déclaration de sa famille.

Affecté par des problèmes coronariens presque toute sa vie adulte, M. Cheney a subi cinq crises cardiaques entre 1978 et 2010 et portait un dispositif pour réguler son rythme cardiaque depuis 2001.

L'ancien numéro deux du président George W. Bush (2001-2009) s'était forgé une réputation telle qu'il fut considéré comme l'un des vice-présidents les plus puissants de l'histoire américaine.

L'ex-président lui a rendu hommage mardi, saluant dans un communiqué "l'un des meilleurs serviteurs de l'Etat de sa génération, un patriote qui a fait preuve d'intégrité, d'intelligence et de sérieux dans toutes les fonctions qu'il a occupées".

Dick Cheney fut le colistier de George W. Bush lors de deux campagnes présidentielles victorieuses et son conseiller le plus influent à la Maison Blanche dans une époque marquée par le terrorisme, y compris sur le territoire des Etats-Unis, la guerre et les changements économiques.

Il restera connu comme l'un des faucons qui ont joué un rôle central et controversé dans l'invasion de l'Irak en 2003.

Républicain inconditionnel, il n'avait pas soutenu Donald Trump à la dernière présidentielle car il le jugeait inapte à occuper le Bureau ovale. Sa fille Liz, ex-élue républicaine, a été l'une des rares voix anti-Trump dans son camp.

Quelques heures après l'annonce de la mort de Dick Cheney, l'actuel président n'avait pas réagi publiquement mais les drapeaux étaient mis en berne à la Maison Blanche, comme le veut l'usage.

- Pétrole -

Entré à la Maison Blanche dans les années 70 sous le président républicain Gerald Ford, Dick Cheney remplace plus tard Donald Rumsfeld au poste de chef de cabinet puis dirige, sans succès, la campagne de réélection de Gerald Ford contre Jimmy Carter en 1976.

M. Cheney se lance peu après dans la course électorale pour décrocher en 1978, dans le Wyoming, un siège d'élu à la Chambre des représentants à Washington qu'il occupe pendant une décennie.

Nommé ministre de la Défense sous George H.W. Bush en 1989, Dick Cheney est aux commandes du Pentagone pendant la guerre du Golfe de 1990-1991. Puis il part dans le secteur privé lorsque le démocrate Bill Clinton déloge Bush père de la Maison Blanche.

Devenu PDG de Halliburton en 1995, il dirige ce grand groupe de services pétroliers pendant cinq ans avant de retourner en politique, comme colistier de George W. Bush pour la présidentielle de 2000.

A la vice-présidence, culmination de sa longue ascension politique, Dick Cheney insuffle son idéologie néo-conservatrice à la Maison Blanche et joue un plus grand rôle à ce poste que la plupart de ses prédécesseurs.

- Irak et Afghanistan -

On le considère notamment comme l'une des forces motrices derrière la décision d'envahir l'Afghanistan en 2001, moins d'un mois après le 11-Septembre.

Dix-sept mois plus tard, les Etats-Unis envahissent l'Irak.

L'Irak n'avait pas de programmes actifs de production d'armes de destruction massive, et les analyses postérieures à la guerre n'ont trouvé aucun lien opérationnel entre le régime de Saddam Hussein et les jihadistes d'Al-Qaïda.

Saddam Hussein a été capturé, jugé et exécuté, mais la guerre en Irak a continué jusqu'en 2011, et les troupes américaines sont restées dans le pays pendant une autre décennie, cherchant à stabiliser le pays et à repousser les jihadistes de l'organisation Etat islamique.

Près de 5.000 Américains ont été tués dans cette guerre.

Le conflit en Afghanistan a continué jusqu'en 2021, lorsque le président Joe Biden a mis fin à la plus longue guerre de l'histoire des Etats-Unis, permettant aux talibans de reprendre le contrôle du pays.

Dick Cheney a par la suite assuré refuser de croire que Saddam Hussein n'était pas en train de développer un programme d'armes de destruction massive.

Il reste aussi comme l'un des plus grands défenseurs des techniques américaines d'interrogatoire poussées, désormais largement considérées comme de la torture.