Décentralisation : une large majorité de Français favorable à ce que la France "devienne fédérale"
information fournie par Boursorama avec Media Services 25/08/2025 à 10:22

"La demande de décentralisation n'est plus l'apanage des seuls militants régionalistes, mais devient une revendication transpartisane et intergénérationnelle", selon l'Ifop.

Un drapeau de la région Normandie. ( AFP / CHARLY TRIBALLEAU )

Une majorité de Français estime que les collectivités locales n'ont pas assez de pouvoir par rapport à l'État et souhaite un renforcement de la décentralisation, selon une enquête Ifop publiée lundi 25 août. Une voie qui permettrait d'adapter les lois aux réalités locales, ainsi qu'à un redécoupage de certaines grandes régions. Longtemps tabou, le fédéralisme gagne par ailleurs en légitimité populaire.

Plus des deux tiers des Français interrogés (68%) estiment que les collectivités locales n'ont "pas assez de pouvoir par rapport à l'État", un chiffre en progression de 18 points par rapport à 2012. Cette hausse s'observe dans toutes les catégories de population, mais elle est particulièrement marquée chez les seniors, les habitants des communes rurales et les électeurs de Marine Le Pen.

Longtemps tabou, le fédéralisme gagne par ailleurs en légitimité populaire, avec 71% de personnes favorables à ce que la France "devienne fédérale".

L'adaptation territoriale des lois recueille également un soutien "massif et transpartisan", analyse l'Ifop, avec 73% des Français favorables à ce que les régions puissent "adapter les lois nationales pour tenir compte des réalités locales" .

"Loin d'être un phénomène marginal ou folklorique, le régionalisme français s'affirme comme une dynamique majoritaire incitant à repenser l'organisation territoriale du pays", souligne François Kraus, directeur du pôle politique de l'Ifop. Pour lui, "la demande de décentralisation n'est plus l'apanage des seuls militants régionalistes, mais devient une revendication transpartisane et intergénérationnelle".

"Mieux tenir compte des réalités culturelles et historiques".

Interrogés sur le redécoupage régional de 2015, plus des deux tiers des Français (68%) plébiscitent un nouveau redécoupage de certaines grandes régions "afin de mieux tenir compte des réalités culturelles et historiques".

Les Français sont toujours très majoritairement favorables aux revendications culturelles des régionalistes, plus des trois quarts (77%) soutenant la reconnaissance officielle des langues régionales, un chiffre stable depuis 25 ans, tandis que 84% soutiennent l'enseignement de l'histoire régionale à l'école, en complément de l'histoire nationale.

Le centralisme français fait sans surprise l'objet d'un rejet quasi-unanime, 90% des citoyens considérant que l'État central est "trop déconnecté des réalités locales" .

"Cette critique du jacobinisme rassemble aussi bien les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (93%) que ceux d'Éric Zemmour (95%), les urbains (89%) que les ruraux (95%), les jeunes (79%) que les seniors (95%)", note l'Ifop.

Le centralisme médiatique cristallise également les frustrations territoriales, 82% des Français estimant que l'activité des médias "se concentre trop sur Paris" .

Le projet de révision constitutionnelle consacrant l'autonomie de la Corse bénéficie par ailleurs d'un soutien majoritaire quoique mesuré (51%), et recueille l'adhésion massive (70%) des moins de 25 ans.

Ce sondage a été réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 25 juillet sur un échantillon de 2.000 Français représentatif de la population française de 18 ans et plus, pour la formation régionaliste "Régions et peuples solidaires".